Laurent Garnier vs Bugge Wesseltoft
Oui, ce n’est pas la première fois que Laurent Garnier a les honneurs de ces pages. Interviewé, chroniqué, portraituré, le parrain de la techno en France fait partie de ces gens que l’on se passionne à suivre, tant pour sa vision des choses (franchise et radicalité en sont les maîtres mots) que son exceptionnel parcours… (lire la suite)
Oui, ce n’est pas la première fois que Laurent Garnier a les honneurs de ces pages. Interviewé, chroniqué, portraituré, le parrain de la techno en France fait partie de ces gens que l’on se passionne à suivre, tant pour sa vision des choses (franchise et radicalité en sont les maîtres mots) que son exceptionnel parcours. Il n’y a encore que deux semaines de cela, nous annoncions sa collaboration d’un soir avec SaElle, chanteuse basée dans le coin, où elle se produit fréquemment avec des musiciens de jazz… Tiens donc. Il y a huit ans, Laurent faisait, au hasard d’une de ses tournées, la rencontre de Bugge Wesseltoft, musicien et patron du label norvégien Jazzland. Au début, celui-ci, avant même d’entamer ses concerts, venait parfois poser ses claviers sur le set de Laurent, qui œuvrait en première partie. Quoi de plus normal : avec New Conception Of Jazz, son principal projet, Bugge (prononcez « Bougué ») incarnait à lui seul la fusion du jazz et de l’électronique… De fil en aiguille, ces petits « happenings » muèrent en de véritables collaborations, d’abord sur scène (festivals de Montreux, Vienne, Sonar…) et ensuite en studio (le surprenant dernier album de Laurent, que l’on peut considérer a posteriori comme un réel tournant dans sa carrière). « C’est une belle histoire d’amitié, d’amour mutuel pour la musique : la rencontre graduelle de gens qui s’apprécient beaucoup » résume notre Lolo national, qui avait à cœur de parfaire un répertoire en germe depuis l’an dernier, mais conclu de son propre aveu par un concert des plus moyens à la Villette. Ce qui les amène aujourd’hui à cette tournée d’une quinzaine de dates, entamée cette semaine dans un Cargo arlésien transformé pour le coup en bel espace de répétition… Le Cargo ? Pour y avoir joué plusieurs fois, Bugge connaissait déjà, et Laurent, désormais installé dans le Lubéron, en avait eu de bons échos par le biais de son ingé-son. Mais la musique, alors ? Un répertoire quasi-exclusivement construit sur les compos de Laurent, et pour moitié inédites ou ré-arrangées. Bugge va donc devoir très vite s’adapter : il arrive à la veille du premier concert… « Nous nous connaissons bien, on va essayer des choses » commente Laurent, très excité à l’idée de jouer avec son ami, mais aussi Philippe Nadaud, le fameux saxophoniste à l’œuvre sur The man with the red face. Un hit dont on mesure aujourd’hui pleinement l’importance : il aurait permis à Laurent d’épurer davantage son propos, nécessaire condition pour laisser respirer les musiciens additionnels, et l’aurait surtout poussé, sous les conseils de Jeff Mills, à partir dans cette direction instrumentale qui le voit désormais « diriger » ceux-ci (on l’a récemment vu avec SaElle) plutôt que les laisser « broder » comme ce fut le cas par le passé. « Les gens qui font la même chose toute leur vie font une erreur. Je n’ai jamais aimé m’asseoir sur mes lauriers, j’ai envie de continuer à prendre des risques, c’est ce qui me fait avancer ». En doutiez-vous un seul instant ?
PLX
Les 14 et 15 au Cargo de Nuit, Arles. Rens. 04 90 49 55 99