La Grâce d’Ilya Povolotsky

La Quinzaine en salle

Promo de la Quinzaine

 

Une fois n’est pas coutume : cette année, la Quinzaine en salle, reprise des films de la fameuse sélection cannoise, aura lieu dans une trentaine de cinémas hexagonaux, dont quelques salles en région. Un programme d’une vingtaine de films de toute beauté.

 

 

Si, dans les mécanismes industriels de la vie d’un film, la remarquable exposition qu’offre une sélection au Festival de Cannes — plus important événement cinématographique mondial — ne résout nullement les enjeux liés à sa sortie en salle, il est ainsi primordial, dans un contexte d’exploitation certes revigorée mais en de nombreux endroits toujours fragile, de développer les passerelles entre cette médiatisation festivalière et le public. Juste après la compétition officielle, s’il est une sélection qui concentre toute l’attention à Cannes, c’est bel et bien la Quinzaine des Cinéastes, créée en 1969 par la SFR, Société des Réalisatrices et Réalisateurs de Films. Et force est de reconnaître que cette année, nous eûmes droit à un fameux bouquet de belles surprises. Comme le rappelait Julien Rejl, Délégué Général de la Quinzaine, cette « sélection détonante contient ainsi du fantastique, de l’aventure, de la comédie, du polar, du road movie, du “coming of age”, du cinéma queer et bien d’autres surprises. » Mais au-delà, la programmation a surpris par son audace, et une volonté réelle de mettre en lumière un ensemble de gestes cinématographiques inventifs. Cette nouvelle dynamique ne s’arrête d’ailleurs pas en si bon chemin, car elle s’accompagne d’une proposition qui brise les habitudes installées depuis de nombreuses années : si la reprise des films de la Quinzaine s’organisait préalablement en septembre dans une cinquantaine d’établissements hexagonaux, l’équipe dirigeante a cette année décidé de sélectionner moins de salles (un peu plus d’une trentaine) et d’organiser l’événement dans la foulée de la manifestation cannoise. Du 7 au 18 juin, les vingt opus de la Quinzaine des Cinéastes — auxquels s’ajoutent une dizaine de courts — seront donc présentés en avant-première en France, y compris dans une poignée de cinémas régionaux, à l’instar de l’Alhambra de Marseille, du Mazarin d’Aix-en-Provence, du Méliès de Port-de-Bouc, du Cigalon de Cucuron, de l’Utopia d’Avignon ou du Royal de Toulon. Et c’est une programmation de haut vol qui s’offre à nous : à commencer par le merveilleux dernier opus de Pierre Creton, Un prince, ode campagnarde teintée d’amours masculines, véritable paysage de désirs champêtres, l’acmé d’un cinéaste français en tous points remarquable. Si quelques valeurs sûres ne manqueront pas d’attirer l’attention — du dernier film de Michel Gondry, Le Livre des solutions, à L’Autre Laurens de Claude Schmitz, en passant par Conann de Bertrand Mandico –, nous ne saurions trop conseiller la découverte des œuvres de Kanu Behl, Agra, de Faouzi Bensaïdi, Déserts, d’Ilya Povolotsky, La Grâce, ou de Rosine Mbakam, Mambar Pierrette, sublime portrait d’une couturière à Douala. Car se dessine ici un voyage saisissant aux quatre coins du globe, et au-delà, la puissance du cinéma à (toujours) rendre compte de l’état d’un monde complexe, comme en témoignent Blackbird Blackbird Blackberry d’Elene Naveriani, A Song Sung Blue de Zihan Geng, In Flames de Zarrar Kahn, The Sweet East de Sean Price Williams ou Creatura d’Elena Martín Gimeno.

 

Emmanuel Vigne

 

 

La Quinzaine en salle : du 7 au 18/06.

Rens. : www.quinzaine-cineastes.fr

Le programme complet de la Quinzaine en salle dans les Bouches-du-Rhône ici