Manu le Malin vs Dee Nasty
Dans le jargon, on appelle ça un « ping-pong », une « battle » ou, en l’occurrence ici, un « versus ». Comme pour se renvoyer la balle, se mesurer l’un à l’autre en multipliant, autant que faire se peut, les bons coups. Un exercice des plus casse-gueule, car il ne suffit pas d’aligner deux champions… (lire la suite)
Manu le Malin vs Dee Nasty
Dans le jargon, on appelle ça un « ping-pong », une « battle » ou, en l’occurrence ici, un « versus ». Comme pour se renvoyer la balle, se mesurer l’un à l’autre en multipliant, autant que faire se peut, les bons coups. Un exercice des plus casse-gueule, car il ne suffit pas d’aligner deux champions. Encore faut-il qu’ils se complètent : la beauté, la tension d’une partie réside souvent dans l’opposition de styles. C’est ici le cas. Manu le Malin est le parrain du hardcore en France. Il a connu les premières free-parties en région parisienne, accompagné les premiers pas du genre, notamment via sa célèbre trilogie Biomechanik (1). Avec son complice Torgull, il a monté le label Bloc 46, le groupe metal Palindrome et, plus inattendu, accouché d’une création unique avec René Koering et l’Orchestre National de Montpellier. Bref : un vrai de vrai, mais pas un borné. Dee Nasty est l’un des piliers de la culture hip-hop en France. Il a lancé les premières block-parties en banlieue parisienne, accompagné les premiers pas du genre, notamment via sa célèbre émission Deenastyle (2). Intronisé au sein de la Zulu Nation par Afrika Bambaataa, il est plusieurs fois champion de France DMC, fait référence en matière de funk et, plus inattendu, a tissé des liens avec la scène house des années « French Touch ». Bref : un vrai de vrai, mais pas un borné. Parce que la rencontre était inévitable entre ces « deux vieux machins », dixit Manu, elle a d’abord finalement lieu dans les studios de ce dernier, en 2001, sous la forme d’un morceau réalisé en commun pour son album Fighting spirit. Mais les deux hommes excellant avant tout aux platines, il eut été dommage de s’en tenir là… Ce qui nous ramène à ce « versus » : quatre platines vinyl, deux platines CD, deux tables de mixage avec effets. Trois ou quatre prestations à ce jour, guère plus. Pas question de capitaliser sur cette affiche : ces messieurs s’amusent, l’un commence, l’autre enchaîne, part voir ailleurs si son compère s’y trouve, qui vient scratcher sur son set, qui l’entraîne sur un terrain glissant, et caetera, et caetera… Inutile, donc, de s’attendre à du hardcore mixé avec du r’n’b, ce qui n’aurait, en fait, que peu d’intérêt. Manu : « Ce n’est pas une performance de « turntablist », mais de l’impro totale : on ne connaît pas les disques de l’autre, ça peut partir dans toutes les directions, au feeling… A cet égard, c’est très égoïste de notre part ». Et donc une excellente raison d’aller les voir. PLX
Le 9 au Trolleybus, 23h, 10 euros
(1) Série de compilations mixées dont le dernier volet, accompagné d’un DVD illustrant sa prestation dans le bar/musée de l’artiste HR Giger, vient de sortir chez Uwe (2) Sur Radio Nova