Le Bal des rejetons, voyage photographique en France
Tirages à part
Encore une possibilité d’évasion en cette rentrée littéraire ! Paru en juillet, Le Bal des Rejetons propose un voyage documentaire à travers la France de l’après-covid. À l’initiative d’Anthony Micallef, ce projet de documentation réunit trente et un artistes de tout le pays qui n’ont pas été sélectionnés lors d’une grande commande institutionnelle. Récit d’une nouvelle aventure en off, qui se construit comme un nouveau témoignage de la puissance du collectif.
Il y a un an, le ministère de la Culture lance une commande photographique à l’échelle nationale pour documenter l’après-covid dans l’hexagone, proposant un soutien financier non négligeable au secteur du photojournalisme.
Passée la déception du rejet de leur proposition, certains artistes décident de se rassembler afin de réaliser leur projet à l’extérieur du circuit officiel… Après un passage à Arles, Uzès et Pierrevert, de nombreux événements sont encore prévus. Au programme : un tour de France estival jusqu’à fin septembre afin de présenter leurs œuvres sous la forme d’expositions, de projections, de rencontres, mais surtout afin de mettre en valeur la parution de leur recueil collectif. En effet, ce beau bébé d’1,5 kg à la couverture rose fluo a fait l’objet d’un financement participatif et a récolté un soutien populaire qui, en quinze jours, a atteint la somme de 28 000 euros.
Un travail d’une année entière basé sur la volonté et l’énergie de ces nombreux acteurs a permis le déploiement d’un fabuleux réseau d’entraide. Car il faut savoir que de telles commandes de l’État s’avèrent assez sporadiques dans ce secteur si particulier. Aussi, la demande de réparation peut y paraître plus urgente, en témoigne la lettre ouverte du syndicat qui questionne les critères de sélection de ce type de projet, mais également, par extension, celle de la transparence de l’octroi de l’argent public.
Pour le collectif, il fallait donc agir pour transformer cette léthargie du rejeton en une nouvelle pousse dynamique et dansante, qui retrace les problématiques des territoires et de leurs habitants. Ainsi Pierre Toury pousse-t-il la porte du dancing afin de mettre en lumière la vigueur et l’élégance du troisième âge, tandis que Valentine Zeler nous conte les effets du dérèglement climatique à travers des tirages désaturés et brûlés au chalumeau. Marie Mosconi nous plonge pour sa part dans l’ambiance feutrée des coulisses des musiciens classiques à grand renfort d’ombres et de lumières judicieusement capturées…
Mais ce sont aussi les paysages de Cattenom, en Moselle, dont une centrale nucléaire se profile en fond, une main d’infirmière tendue vers un patient, les promesses d’une guérison par la marche, un regard perdu dans les méandres de l’adolescence… Loin du regard froid assimilé parfois à la rigueur du journalisme, ces propositions variées vibrent dans toute leur diversité de cette France aux intimités multiples.
Laura Legeay
À lire : Le Bal des rejetons (Les Éditions de Juillet)