La Désintégration (France – 1h18) de Philippe Faucon avec Rashid Debbouze, Yassine Azzouz, Ymanol Perset…

La Désintégration (France – 1h18) de Philippe Faucon avec Rashid Debbouze, Yassine Azzouz, Ymanol Perset…

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Réactions enchaînent

! Sortie le 15/02 !

Une cité dans la banlieue de Lille comme il en existe des dizaines en France. Ali, un étudiant sans histoire, Hamza, un « Gaulois » converti à l’islam, et Nasser, un jeune qui flirte avec la délinquance, vont faire la connaissance de Djamel, trentenaire charismatique et manipulateur. Utilisant la frustration provoquée par une exclusion sociale qui semble sans issue, Djamel va endoctriner les trois garçons dans une radicalisation religieuse et politique, les poussant à s’engager dans le djihâd…
Présenté à la Mostra de Venise l’an dernier, le treizième long-métrage de Philippe Faucon aborde un sujet particulièrement sensible. On pense à We Are Four Lions de l’Anglais Chris Morris. Mais la comparaison s’arrête là, car ici, point de comédie. Dans une mise en scène épurée, dénuée de musique et filmée au plus près des acteurs, il installe une tension omniprésente dans un milieu ghettoïsé où la société extérieure semble lointaine et déconnectée. A la manière d’un gourou, Djamel manipule ses proies avec un discours bien rodé, les éloignant progressivement de leurs espoirs, de leur famille et même de leur mosquée. Epaulé au scénario par le journaliste controversé Mohamed Sifaoui, auteur du documentaire J’ai infiltré une cellule islamiste, Philippe Faucon a pris le parti de faire un film assez court afin de resserrer et densifier son histoire. Mais ce qu’il gagne en rythme, il le perd peut-être à cause de certaines ellipses qui rendent quelque peu caricaturale la métamorphose des personnages. Le film s’avère par ailleurs très bien servi par ses acteurs. Professionnels (dont Rashid Debbouze, frère de…) ou amateurs, ils donnent une réelle épaisseur et une rare profondeur aux personnages via des dialogues percutants tombant souvent justes.
Ce film-choc aux accents de polar porte un regard cru sur l’exclusion sociale, le désespoir et l’exploitation qui peut en être faite.

Daniel Ouannou