Guillaume Chamahian – Dark Memory à la BackSide Gallery
Vues sur les Khmers
Spécialisée dans le street art, la BackSide Gallery se met pour la première fois à la photographie avec l’exposition Dark Memory de Guillaume Chamahian. L’ancien étudiant aux Beaux-Arts de Marseille présente ses images glaçantes sur une période tragique de l’histoire cambodgienne, alliant milieu urbain et travail de mémoire.
« Il devait y aller pour trois semaines, il y est resté un an », nous dit d’emblée Tito, gérant de la Backside Gallery, résumant parfaitement le coup de foudre de Guillaume Chamahian pour le Cambodge. Parti pour être le directeur artistique du Mélon Rouge Photo Festival de Phnom Penh en 2010, l’artiste, influencé par le graphe, s’est mué en photographe pour immortaliser le S1, centre de déportation des Khmers rouges, via des clichés cristallisant la Dark Memory des années 70 encore prégnante. Des photos nocturnes d’un bébé aux clichés de ruelles obscures, le journaliste reporter réalise le portrait d’un Cambodge partagé entre la volonté de pleurer sur son passé et l’envie de se tourner vers l’avenir. Une façon subtile et jamais violente d’illustrer la dureté de la situation qui correspond en tout point aux envies du galeriste : « La photo doit être engagée et ne doit pas être seulement une carte postale esthétique. » De loin, le cliché d’une femme âgée est net ; il faut s’approcher pour voir l’émotion dans ses yeux. La sensibilité à fleur de flash continue dans la présentation de l’exposition avec des phrases énigmatiques qui arrondissent les angles. Une invitation à la réflexion doublée d’un esthétisme contemporain qui ne laisse personne indifférent.
Solène Lanza
Guillaume Chamahian – Dark Memory : jusqu’au 1/03 à la BackSide Gallery (16 quai de Rive Neuve, 7e).
Rens. www.backsidegallery.com