Regards sur le Cinéma israélien aux Variétés

Regards sur le Cinéma israélien aux Variétés

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Terre fertile

Xavier Nataf et son équipe proposent sur les écrans des Variétés leur treizième édition des Regards sur le Cinéma israélien, l’occasion d’un panorama sur une cinématographie encore mal distribuée.

Dans un contexte politique, religieux et social particulièrement délicat, en France comme ailleurs, la proposition d’un évènement cinématographique autour de la production israélienne revêt un intérêt évident : outre l’opportunité de découvrir une poignée de films inédits dans nos contrées, il s’agit ici de prendre conscience à quel point le vecteur cinéma est à même de révéler les forces et les contradictions d’une société, mieux que ne le ferait tout autre média. Car la création israélienne, l’un des plus dynamiques du bassin méditerranéen, connaît depuis quelques années un essor tout autant qualitatif que quantitatif, comme est venu le rappeler dernièrement, en salles, l’excellent film de Nadav Lapid, Le Policier. La production nationale ne cesse d’interroger l’histoire, la politique, les relations internationales, la société et, évidemment, la colonisation, n’hésitant pas à appuyer fréquemment sur les points les plus douloureux, sans indulgence, en toute lucidité. Pourtant, le cinéma israélien a traversé, après la guerre de 1973, une période créatrice particulièrement exsangue. L’éclosion actuellement constatée n’aurait sans doute pas été la même sans le travail titanesque effectué à partir des années 80 par Amos Gitaï, véritable locomotive d’un cinéma qui prend aujourd’hui son envol, comme vient le rappeler cette treizième édition des Regards sur le Cinéma israélien. Au menu, sept films que le public phocéen aura peu l’occasion de revoir sur les écrans de la région, à commencer par Mabul, second opus de Guy Nattiv, que viendra présenter la co-scénariste Noa Barman Herzberg. Un drame familial totalement ancré dans la réalité sociale contemporaine, dont, cerise sur le gâteau, le grand Patrick Watson signe la bande originale. Parmi la sélection proposée cette année par l’équipe des Judaiciné, deux films ont pu être découverts sur la Croisette, en mai : Les Voisins de Dieu, sélectionné à la Semaine de la Critique, et Room 514, présenté par l’ACID. Deux films qui viennent rappeler la distorsion du prisme médiatique : à l’inverse de ce que les médias peuvent propager et malgré une politique certes souvent inacceptable, il souffle un vent de pacifisme et de progressisme dans la société israélienne. Car l’une de ses grandes forces est de parvenir à aborder les sujets les plus tabous, telle que la relation parents/enfant transgenre, dans Melting Away, inspiré d’un dramatique fait divers. Autant d’œuvres qui, par touches, dessinent pour le spectateur les contours d’une société souvent mal sondée.

Texte : Emmanuel Vigne
Photo : Mabul de Guy Nattiv

Regards sur le Cinéma israélien : du 13 au 19/06 aux Variétés (37 rue Vincent Scotto, 1er).
Rens. 08 92 68 05 97 / www.judaicine.fr