Comme une boule de flipper
Depuis dix-sept ans, l’association Tilt emmène le ciné dans la rue avec son festival Ciné Plein Air, mais travaille aussi à l’année à éduquer l’œil du spectateur. Une affaire qui roule.
Quand Marseille sent l’été et son soleil de plomb arriver, vient l’heure d’abandonner le centre-ville et les salles obscures pour aller s’entasser dans le 19 et le 83 avec l’espoir de pouvoir faire trempette dans l’eau salée et les hydrocarbures. Mais depuis dix-sept ans, le soir venu, c’est aussi le moment où les placettes du centre se remplissent, où les écrans sortent des salles et, assis par terre ou sur un coussin, ou même attablé en terrasse, on redécouvre le plaisir du cinéma à la fraîche, entre les gamins qui courent et les ados qui boivent des panachés. Le responsable de ces douces veillées estivales ? Le festival Ciné Plein Air de l’association Tilt, fondée en 1995 par Delphine Camolli et Christian Scarzella. Dans le but de créer un évènement cinématographique populaire, brassant des publics de différentes origines sociales, Tilt a pris le temps d’élargir son équipe en développant à l’année quantité d’activités autour du cinéma. Son projet de « participer à la formation de spectateurs actifs, critiques et participants aux débats » se conjugue avec l’initiation pour tous à la création et la mise en image. Hormis l’évènement Ciné Plein Air, qui propose cette année une programmation des plus alléchantes aux quatre coins de Marseille – des frères Coen à Fernandel en passant par Kubrick et une pléiade de films d’animation –, Tilt participe activement à l’éducation aux images que l’école de la République continue de bouder. A travers le club Cinétilt, l’atelier Cour(t)s-y vite donne ainsi l’occasion à des minots de devenir programmateurs de festivals. En choisissant une quinzaine de courts-métrages destinés à être projetés lors de la manifestation estivale, les enfants acquièrent une culture cinématographique et une vision différente, plus fine, des images qu’ils regardent, donnant une capacité d’expression nouvelle autour des œuvres. Mais le cœur de ce travail d’éducation ludique passe aussi par des ateliers scolaires. A travers des séances de projection, ateliers de création de documentaires, d’analyses de l’image ou de sensibilisation aux techniques d’animations, Tilt forme en secret une petite armée de cinéphiles intelligents. Qui a dit qu’on n’était pas sérieux quand on a dix-sept ans ?
Texte : Daniel Ouannou
Photo : L’argent de poche de Franc?ois Truffaut
Ciné Plein Air : jusqu’au 18/08 à Marseille.
Rens. 04 91 91 07 99 / www.cinetilt.org