L’Art et la manière…
Déjà la sixième édition pour la petite foire qui monte. Sans Gaïd Baulieu, l’aventure se poursuit avec Jérôme Pantalacci et Nadia Fatnassi, qui invitent cette année une vingtaine de galeries, redorant le blason marseillais dans le paysage très centralisé de l’art contemporain.
Depuis cinq ans maintenant, Art-O-Rama demande aux galeries invitées (vingt cette année, dont douze venues de l’étranger) de sélectionner un artiste local parmi les quatre ou cinq présentés en show room. Le lauréat revient l’année suivante en grandes pompes, avec production pour une pièce et édition à l’appui. On ne peut que se réjouir de ce regard posé sur les artistes locaux, car on le sait bien, il leur suffit d’avoir le vent en poupe ailleurs pour créer le consensus et que les programmateurs marseillais s’empressent de les exposer. On peut parier que Caroline Duchatelet ne serait pas sortie lauréate du show room 2011 si le jury n’avait été composé que de galeries marseillaises. Qu’en sera-t-il des quatre artistes sélectionnés cette année par le critique et commissaire François Aubard ? Entre Thomas Boulmier, Julie Darribère Saintonge, Yan Gerstberger et Guillaume Gattier, on a bien une petite idée, mais on attendra fin août pour fanfaronner…
Pour cette sixième édition, le projet curatorial est offert au Confort Moderne de Poitiers. En plus de l’exposition qui réunit des œuvres produites par la galerie entre 2002 et 2012, l’équipe poitevine assurera l’ambiance musicale du salon. Les autres galeristes présents auront eux aussi été sélectionnés en fonction d’un accrochage pertinent et représentatif de leurs lieux, en présentant un ou deux artistes et pas un catalogue de ventes.
Art-O-Rama est la seule foire d’art contemporain du Sud de la France, et son parti pris dépasse le concept du stand qui aurait plus à voir avec un marché. En effet, l’espace proposé aux galeries est investi à la façon d’un mini white cube, et selon la ligne artistique des galeries invitées. Art-O-Rama ne sent pas le commerce et la transaction financière comme les autres. Dans les stands, il est encore question d’art contemporain et non de bonne affaire boursière ou de placements. Le marché de l’art contemporain se fait gangrener depuis 2002 par les spéculateurs qui n’ont pas trouvé le chemin de Marseille – et c’est tant mieux. Mais pour protéger nos artistes et nos structures, nous avons besoin de collectionneurs locaux qui ne se préoccupent pas d’une pseudo validation parisienne. Croisons les doigts pour qu’Art-O-Rama tire son épingle du jeu sans avoir à se soumettre un jour aux lois du marché de l’art tel qu’il existe aujourd’hui. Et permette ainsi de conserver les spécificités marseillaises qui, une fois n’est pas coutume, n’ont pas à nous faire rougir.
Texte : Céline Ghisleri
Photo : Blowing in the air de Thomas Boulmier
Du 31/08 au 2/09 (expos jusqu’au 16/09) à la Cartonnerie – Friche la Belle de Mai (41 rue Jobin, 3e).
Rens. www.art-o-rama.fr