Ballet circulaire à la féerie rayonnante, numéro lumineux à la fantaisie bouillonnante, chorégraphie prodigieuse et ensoleillée, Après la pluie… s’empare de l’ordinaire pour en faire une poudre magique qui envoûtera les petits démons comme les grands manitous… (lire la suite)
Ballet circulaire à la féerie rayonnante, numéro lumineux à la fantaisie bouillonnante, chorégraphie prodigieuse et ensoleillée, Après la pluie… s’empare de l’ordinaire pour en faire une poudre magique qui envoûtera les petits démons comme les grands manitous.
L’un des objectifs du Cirque Désaccordé est de s’approprier le banal, de jouer sur le registre du quotidien pour en faire une matière à la fois dense et malléable pour ses créations. Ça peut paraître paradoxal, mais quoi de plus riche en effet que notre quotidien, fou, spontané ?
En fait, tout est sous nos yeux. Du marginal au neurasthénique, du paranoïaque au surréaliste, de la cuillère à café au philosophe dans sa baignoire… Tout. Des centaines d’actes, de gestes, d’objets, de paroles qui peuvent devenir, par le prisme d’un observateur, un savoureux moment de dérision qui s’accorde parfaitement bien avec la vitesse du monde moderne.
L’équilibre tient aussi, évidemment, par la capacité des artistes à jongler avec le loufoque et l’inattendu. Imaginez un funambule risquant sa vie sur les hauteurs du chapiteau pour confectionner du rire dans une boîte toilée ou encore un illusionniste qui ferait apparaître de la musique avec de grandes oreilles. Le burlesque s’envole ici et s’étire là-bas comme quelqu’un qui s’éveille tôt dans sa vie, comme la simple renaissance de notre âme d’enfant. Les couleurs de la piste gagnent nos yeux et une poésie nous embrasse, la poésie d’une banalité inhabituelle qu’on se surprend à aimer, encore. Après la pluie…, c’est un monde qui s’anime quand on l’applaudit, quand on le considère. C’est aussi une nation clownesque qui s’autogouverne autour d’une caravane. Et qui dit caravane dit forcément départ. Mais départ vers où ? Pour où ? Pourquoi ? Départ parce que le quotidien doit se nourrir, d’autres mouvements, d’autres éblouissements farfelus. Départ parce que c’est la fonction première d’un cirque que d’être itinérant. Départ aussi à cause de la tristesse et de la mélancolie… Qu’est-ce qu’un amuseur sans ses ombres et celles, nombreuses, qu’il partage avec les villes qu’il traverse ? « Après la pluie… vient le beau temps. » Les vieux dictons n’ont pas forcément raison. Certes, un beau temps viendra, un peu comme un prince charmant. Mais il est des pluies qu’on aime, sous lesquelles on se plaît à rester, rêver, s’évader. Oui, un beau temps. Un beau temps différent, changé par une pluie désaccordée…
Texte : Lionel Vicari
Photo : Mario Del Curto
Après la pluie… par le Cirque désaccordé. Du 7 au 29/07 au Stade Pratesi (Jas de Bouffan, Aix-en-Pce). Rens. 08 92 68 36 22