Voilà maintenant huit ans que Mars attaque. Mais aussi, pour esquisser un résumé des aléas des éditions précédentes, huit ans que ce festival se défend : contre vents, marées, et autres difficultés rencontrées par toute personne désireuse, à Marseille, de faire sortir les musiques électroniques hors de leurs carcans respectifs, afin de les faire partager… (lire la suite)
Et ça repart !
Voilà maintenant huit ans que Mars attaque. Mais aussi, pour esquisser un résumé des aléas des éditions précédentes, huit ans que ce festival se défend : contre vents, marées, et autres difficultés rencontrées par toute personne désireuse, à Marseille, de faire sortir les musiques électroniques hors de leurs carcans respectifs, afin de les faire partager au plus grand nombre (dernier exemple en date : Aires Libres[1]). Mais cette année, l’association Orane, instigatrice d’un projet sur qui la poisse semblait s’acharner, a sans doute trouvé le bon talisman (Public Enemy, qui scandait jadis un It Takes A Nation of Million To Hold Us Back[2] ici très à propos) ou tiré profit de rencontres cruciales (voir plus bas). Elle a donc concocté, en toute sérénité, une édition des plus alléchantes, ouvertes et, surtout… propulsé son festival dans une autre dimension. Artistique tout d’abord, avec une double orientation plus que pertinente, et la venue tant attendue de sa première réelle tête d’affiche, qui plus est de renommée intersidérale : Public Enemy. Pas la peine de les présenter, on a tous ne serait-ce qu’une fois entendu parler du « seul homme qui porte un réveil autour du cou et que c’est même pas ridicule » et de sa horde sauvagement cool. Autour de cet événement dans l’événement, dont c’est ici la seule date en France, Orane a bâti une programmation peut être moins ambitieuse qu’à l’accoutumée (moins de grosses pointures) mais très variée, et donc bicéphale. D’un côté, une pléiade d’artistes qui nous rappelleront que la musique de danse libère tout son arôme et ses principes actifs une fois jouée sur scène, et de l’autre le line-up rêvé d’une « block party » géante, honorant le Dj comme animateur central des (d)ébats. Côté furia synthétique et riffs de guitares, donc, on peut citer pêle mêle The Rapture, le film Between The Devil and the WIde Blue Sea, la révélation Jahcoozy en guise de caution booty (un genre sur lequel il va falloir de plus en plus compter), et évidemment celle qui va prouver qu’outre Mars, Venus peut aussi attaquer très fort : Peaches. Côté hip-hop, c’est ensuite un véritable culte du Dj et des Mc’s que le public sera invité à célébrer avec la prestation/initiation au mix loufoque de Dj Poulet (à ne pas rater…) et surtout quelques maîtres du crossfader tels que le très bluffant Craze ou le roi Q.Bert. De l’éclectisme, des esthétiques très différentes, donc… mais pas d’éparpillement : Marsatac devient progressivement, par son ouverture constante, un festival « branché » (entendre : au courant, à la pointe des tendances artistiques d’aujourd’hui et de demain) par excellence. Il se fait témoin et accompagne l’éclatement progressif, plus qu’inespéré à Marseille, des cloisons entre les différentes chapelles musicales. N’est-il pas risible et surtout hypocrite de prétendre n’aimer que le rap ou l’electro ? C’est du coup toute la dimension et l’impact géographique du festival qui en sortent transformés. Même s’il oublie un peu le vivier d’artistes local (et encore…), il se donne aujourd’hui les moyens de jouir d’un rayonnement national. Ultime preuve de ce désir d’expansion, la création cette année, après la rencontre des acteurs d’autres « rendez-vous » français (Nördik Impact, Nuits Sonores…), du Réseau des Festivals de Culture Electronique. Pour le moment informel, celui-ci a pour objectifs une mutualisation des moyens et des expériences entre les différents membres, un poids plus important face à l’incompréhension des autorités aux égards des musiques électroniques, et à terme des collaborations artistiques (échange de programmation) et une ouverture sur l’Europe… On a déjà hâte ! Il ne reste maintenant plus qu’à croiser les doigts ou à s’en remettre à la Bonne Mère…
Jean-Pascal Dal Colletto
Notes
[1] Toutes les informations au sujet de l’annulation de cet événement majeur de la rentrée electro, duquel Ventilo est partenaire, sont disponibles sur le web : http://www.aires-libres.com/
[2] Traduire par : il en faudra beaucoup pour nous faire reculer…