Noir comme un roman
La Méditerranée n’en finit plus de compter ses petits et d’agrandir son réseau à l’approche de Marseille Provence 2013. A l’initiative de Marco Barbon, un nouveau lieu dédié à la pratique de la photographie s’invite dans le jeu de la création contemporaine.
Le Percolateur, c’est le projet ambitieux de découvrir et de pratiquer la photographie en dehors des institutions (l’école d’Arles, Louis Lumière, les Gobelins) et peut-être, au fil du temps, de devenir un lieu connu et recherché sur le pourtour méditerranéen. Sous forme d’ateliers sur l’esthétique de l’image, les techniques du tirage numérique, sans oublier les déambulations in situ ou la mise en scène chère à la photographie plasticienne, les photographes amateurs et professionnels seront pris en charge au cours de stages inscrits sur la durée d’une semaine ou d’un long week-end par des intervenants de renom. A commencer par Francesco Zecchin, connu et reconnu pour son travail sur la Sicile et plus particulièrement Palerme. En collant à la vie de ses habitants, les scènes (une procession, un corps recouvert d’un drap, un doigt d’honneur à une audience de tribunal) s’entremêlent et se confondent pour jouer sur l’inconscient du lecteur qui n’y a jamais mis les pieds. Palerme (1975) est une photographie qui a parcouru le monde. On y voit deux hommes s’embrasser sous le regard d’un troisième, l’un deux porte une chevalière en or et l’on ne peut s’empêcher de penser à la Camorra. Pourtant, rien ne le confirme si ce n’est la persistance du cliché. Et c’est justement la force du photojournalisme que de convoquer la preuve par l’image tout en jouant sur l’ambiguïté, une abolition de la frontière entre la réalité et la fiction, le début du cinéma. L’évidence et le contraste des tirages noir et blanc magnifient l’imaginaire du lecteur, parce que ça pourrait être d’hier ou d’aujourd’hui, mais que c’est toujours d’actualité.
Karim Grandi-Baupain
Le Percolateur : 67 rue Léon Bourgeois, 1er. Rens. 04 91 64 56 72 / www.lepercolateurphoto.net