Transylvania – (France – 1h43) de Tony Gatlif, avec Asia Argento, Birol Ünel…
C’est une certitude maintes fois avérée, mais finalement assez rassurante : Tony Gatlif n’est pas un cinéaste de l’apaisement, ni même de la demi-mesure. D’ailleurs,… (lire la suite)
Tous les chemins mènent aux « Roms »
C’est une certitude maintes fois avérée, mais finalement assez rassurante : Tony Gatlif n’est pas un cinéaste de l’apaisement, ni même de la demi-mesure. D’ailleurs, c’est sans doute ce qui fait le charme désuet de ce cinéma énergique voire compulsif, et qui le sauve parfois du naufrage vers lequel il tend joyeusement. Voilà un cinéaste qui tombe et sans cesse se relève, rate puis recommence inlassablement, sans jamais perdre de vue l’objectif qu’il s’est fixé.
Transylvania est donc bel et bien un film de Gatlif. L’histoire d’un amour déçu puis retrouvé dans les bras d’un autre être entre la décidément sensuelle Asia Argento et l’acteur révélation d’Head On, Birol Ünel. Une improbable errance au cœur de la Transylvanie, rythmée par les cris affolés des femmes, la musique tzigane et d’étranges rencontres mystiques ou burlesques. Du Gatlif dans la pellicule en somme, l’impression désagréable de revoir sans cesse le même film et le sentiment un peu gênant que tout a déjà été dit sur le sujet.
Pourtant, et à la différence d’Exils ou de Vengo, qui n’arrivaient jamais à décoller, passées les premières bobines, le charme opère progressivement. Parce que dans un cinéma de la performance et de la furie, rien ne vaut deux acteurs dont l’intensité physique et charnelle est saisissante. Le film bascule alors dans un road-movie jouissif où la représentation de l’univers « rom » s’assortit d’un humour aux confins de l’absurde. C’est une certitude, Gatlif n’est jamais aussi séduisant que quand il bazarde son récit pour se livrer au plaisir du collage narratif, à l’attraction d’une caméra énergique toujours à l’affût du moindre détail. Plus rien n’a alors de sens, plus rien n’importe autant que l’intensité d’un regard, d’un geste. Le cinéma de Gatlif redevient alors ce qu’il devrait toujours être : un objet bancal mais attachant, une poésie de l’instant.
Romain Carlioz