La pensée syrienne

La pensée syrienne

Aflam, éminente association phocéenne spécialisée dans la diffusion des cinémas arabes — à qui l’on doit notamment l’excellent cycle « Cinéma(s) de Tunisie » —, remet le couvert en offrant une belle programmation autour du cinéma syrien, mêlant cinéma, musique et photographie. Quinze journées exceptionnelles, enrichies par la présence de nombreux artistes et cinéastes… (lire la suite)

Aflam, éminente association phocéenne spécialisée dans la diffusion des cinémas arabes — à qui l’on doit notamment l’excellent cycle « Cinéma(s) de Tunisie » —, remet le couvert en offrant une belle programmation autour du cinéma syrien, mêlant cinéma, musique et photographie. Quinze journées exceptionnelles, enrichies par la présence de nombreux artistes et cinéastes.

C’est un fait : la production cinématographique syrienne n’est pas des plus prolifiques, contrairement au voisin égyptien. Peu d’œuvres dans les festivals, quasiment aucune distribution sur le territoire français. Une lacune qu’Aflam, dans la continuité de son excellent travail de défrichage des cinémas arabes, a ainsi décidé de combler, en nous offrant une large vision du cinéma syrien, des œuvres les plus classique aux essais les plus récents. Une production qui commença réellement à se développer avec l’essor des comédies légères et musicales des années 60, comme bon nombre de pays voisins. Ribambelles de films terriblement populaires, qui atteindront leur apogée avec les comédiens Doureid Lahham (le Charlie Chaplin arabe, présent au programme dans Les frontières) et Nih’ad Kal’ii, qui composèrent ensemble l’un des duos les plus en vue. Parallèlement, dès la fin des années 60, et grâce à la toute récente création de l’Organisation Nationale du Cinéma, la production syrienne connaît une seconde naissance, avec des cinéastes ayant étudié en France, en Egypte, en Europe orientale ou en ex-URSS. Le cinéma d’auteur syrien voit véritablement le jour, avec des œuvres comme Le léopard (que le réalisateur Nabil Al Maleh viendra présenter). De manière récurrente, et plus ou moins indirecte, l’individu est fréquemment posé au centre des œuvres, dans sa difficulté à exister indépendamment d’un système religieux, politique ou familial. Malheureusement, la rareté des films produits, ainsi que la censure, circonscrivent une réelle explosion de films intellectuels syriens. Même si d’autres fameux réalisateurs suivront les traces d’un Omar Amirala’yet ou autre Nabil Maleh. C’est le cas, dans les années 80, d’Oussama Mohammad, qui sera également dans la cité phocéenne afin d’y présenter Etoiles de jour. A l’instar du cinéma égyptien ou tunisien, ces œuvres ont donc largement contribué à enrichir le cinéma arabe. Comme le démontrera également Aflam, les années 90/2000 ont amené dans leur sillon des réalisateurs traitant le cinéma de manière nouvelle, multipliant les expériences visuelles, via courts-métrages et essais expérimentaux. Tout un pan de la programmation est de fait dédié à l’art vidéo syrien, mais également au documentaire, avec la présence de quelques cinéastes importants, tel Omar Amirala’yet. Enfin, cette superbe manifestation s’enrichira d’exposition photos et de performances musicales, confirmant, sur un plan national, le statut mérité pour Aflam de structure talentueuse en matière de diffusion des cinémas arabes.

Sellan

Jusqu’au 19/10 au Variétés et à la BMVR-Alcazar. Rens. 04 91 47 73 94 / www.aflam.fr