Solide comme le Dock

Solide comme le Dock

On le croyait parti en fumée, le voici réincarné : principale attraction de la 15e Fiesta des Suds, le néo-Dock est un grand corps en voie de rétablissement… (lire la suite)

On le croyait parti en fumée, le voici réincarné : principale attraction de la 15e Fiesta des Suds, le néo-Dock est un grand corps en voie de rétablissement.

L’avantage de ne pas (plus) être partenaire d’un événement comme la Fiesta des Suds, mastodonte de la rentrée culturelle dont les échos sont relayés à souhait par les médias généralistes du coin, c’est que l’on peut se lâcher avec le même enthousiasme communicatif que ces derniers. Ce que, une fois n’est pas coutume, nous ne ferons pas. Pour avoir, par le passé, pointé du doigt les aléas inhérents à ce type de manifestation – sans doute fallait-il qu’une voix s’élève dans ce concert de louanges dénué de toute fausse note – désormais mainstream et installée, nous savons aujourd’hui que rien ne sert de rugir : il faut l’ouvrir à point. Fatigués les Ventilés ? Peut-être… mais surtout loin d’être insensibles à la leçon de persévérance donnée par Latinissimo, l’équipe organisatrice qui, sur la lancée d’Orane[1], a l’an dernier surmonté son malheur en renouant de surcroît avec l’énergie neuve de ses débuts. Et comment ne pas l’être, d’ailleurs, tant feu le Dock des Suds a compté pour les Marseillais – comme pour l’image même de leur ville ? La grande surprise de cette précédente édition, ce fût d’abord cette grande scène improvisée sous la passerelle autoroutière. Qui remplit parfaitement son office, tant par la capacité d’accueil que le rendu sonore, à tel point d’être à nouveau usitée cette année. Là réside l’un des enjeux de la Fiesta, comme souligné depuis quelques années déjà : l’ouverture à l’extérieur, gage d’une circulation fluide indispensable au bon déroulé de l’affaire, et surtout symbole de cette volonté affichée de faire corps avec le port, espace de transit et d’échanges avec le monde – les mondes. Cette thématique portuaire est de fait au cœur du projet de reconstruction du Dock, entamé dès à présent dans le Hangar à Sucres, bâtiment annexe construit en 1953, et devant lequel nous passions sans se douter un jour qu’il deviendrait un heureux point d’ancrage. A l’intérieur, la topographie de l’ancien Dock y est peu ou prou reconduite : une salle cabaret de 1500 places (en attendant la « grande », au moins deux fois plus importante), une discothèque, un restaurant, des bars… Autant d’espaces souvent délimités par des containers peints, donnant un cachet indéniable à l’ensemble. Dès mars prochain, l’équipe de Latinissimo devrait s’atteler à rattraper son manque à gagner – déjà responsable de quelques licenciements économiques – en louant son nouveau domicile à l’année (concerts ponctuels, soirées communautaires…), mais ceci est une autre histoire… Car pour l’heure, celle qui continue de s’écrire n’a pas tout à fait atteint son but : la fête sera totale quand elle sera populaire – un mot qui compte double à Marseille. On y est presque… Quant à la programmation, qui compte d’ores et déjà des temps forts, joue la carte inédite de la rencontre-création et laisse une place méritée à la scène phocéenne (très singulière cette année), il ne lui reste plus qu’à éluder quelques facilités un poil hors-cadre… A moins de considérer, comme nous l’a expliqué le directeur artistique, Bernard Aubert, les musiques du monde comme un tout bien supérieur à l’étiquette en vigueur dans les rayons. Raisonnement qui se tient mais nous laisse perplexes, surtout si l’on s’en tient au travail de défrichage réalisé sur Babel Med… On pinaille, diront certains. Sans doute un vieux réflexe. PLX

15e Fiesta des Suds, du 20 au 31 octobre au Dock des Suds. Rens. 0825 833 833

Notes

[1] L’association qui a su imposer son festival, Marsatac, par-delà ses multiples galères