Cédric Ponti à l’AtelieRnaTional
Pontifex (Du latin, « faiseur de ponts »)
Cédric Ponti, toujours mordant, fait encore pétarader son sens critique et poétique à l’AtelieRnaTional. Un espace formidable de synergies qui, comme lui, crée des viaducs au-dessus des fossés, avec pour mot d’ordre le partage.
Cédric Ponti étonne à nouveau par l’efficacité de sa démarche : comment obtenir des effets picturaux sans le geste de peindre ? Ici, à l’aide d’explosifs (Ponti en utilise depuis 2003) et de réserves d’encres fixées derrière les toiles alignées (dont les propriétés particulières laissent transpirer la couleur), reliées par une enfilade de mèches, se sont révélées des images. Numériques, vectorisées par logiciel, elles ont été au préalable collectées sur Google, selon l’actualité, puis transférées de façon invisible d’abord sur le support, avant d’apparaître lors du vernissage. Métaphores des violentes successions d’images que les medias nous assènent. Dans la provocation et l’humour grinçant, on peut voir une parenté certaine avec Wim Delvoye. « Quel combat mener ?, se demande l’artiste. Il y en a tant ! Aider ton voisin qui crève de faim ou les petits Africains ? » Sur le terrain de proximité, il a choisi d’agir, à quelques centaines de mètres de la galerie-atelier, au sein d’une autre association : Arts et Développement. Cette dernière introduit un plasticien dans un quartier souvent délabré pour mener à bien, sur le long terme, avec une équipe d’encadrement, un partage citoyen et artistique auprès des gamins, aux pieds des immeubles.
Quant à l’AtelieRnaTional, vivier expérimental inouï aux multiples propositions (mais sans subvention), éditant à la main de superbes petits catalogues, il mérite sans doute qu’un soutien financier arrive enfin. Pourquoi nombre de décisionnaires politiques marseillais ne chérissent-ils pas davantage les véritables passerelles artistiques situées sous leurs yeux ? Le sage Cédric Ponti a trouvé une réponse : si on ne s’adresse qu’à une élite, on est sous les feux de la rampe, mais on perd le feu sacré…
Marika Nanquette