C’est dans la poche par la Cie Jardins Insolites
La bonne p(i)oche
Force est de constater : le spectacle jeune — voire très jeune — public se porte bien. Les propositions affluent et cette scène active semble maîtriser les enjeux sociaux qui lui sont attribués : rassembler, écouter, voir, sentir, partager, s’émerveiller… Dans ce domaine, le Théâtre Massalia a su se rendre indispensable grâce à une programmation exigeante et variée. En témoigne la compagnie Jardins Insolites qui présente C’est dans la poche, pour un public badaud, à partir de dix-huit mois.
Lorsqu’un adulte se déplace pour un spectacle qui s’adresse à de si jeunes gens, il s’attend à rester un peu sur la touche. Il sait par expérience qu’il est globalement vite à court d’idée face à une peluche d’activités ou autres anneaux d’éveil à empiler. Le réel défi d’un spectacle jeune public est justement celui d’intriguer aussi les parents (car à dix-huit mois, l’un ne va pas sans l’autre) en cherchant ce qui ne change pas avec l’âge, notre éternel étonnement aux choses. Dans sa dernière création, la compagnie aptésienne Jardins Insolites utilise comme matière à jouer ce que l’on trouve dans nos poches et le transforme en univers de papier, inspiré du kamishibai —conte japonais narré en faisant défiler des illustrations devant les spectateurs. Sur scène, il y a peu de mots, des apparitions de souris et de chat, des disparitions de lapin, un jeu de carte, des bruits, un violon et une histoire à tiroirs. Ici, tout bouge, la réalité se décompose et se recompose à chaque instant. Une invitation à prendre le temps, imaginer que l’immuable tapisserie du salon à fleurs puisse devenir tout à l’heure un pré verdoyant, servant de terrain de cache-cache au lapin perdu. C’est dans la poche est une création théâtrale minimaliste pour une comédienne et une musicienne, faite de dessins et d’objets qui, à rebours de l’accumulation-surproduction, propose une trêve poétique dans le fond d’une poche. Dans la salle, les petits miaulent et rient, et les adultes se laissent emporter par la mascarade qu’ils croyaient pourtant connaître comme leur p…
Diane Calis