Semaine asymétrique au Polygone Étoilé
Vivre et filmer
Jusqu’au 2 décembre, le Polygone Etoilé et Film Flamme ouvrent grand leurs portes pour une nouvelle édition de la Semaine asymétrique, événement cinématographique hors normes, bâti autour de la rencontre et de l’échange.
Pénétrer l’espace protéiforme du Polygone Etoilé est déjà une expérience en soi. Le lieu reste au fil des ans un espace d’échange, de création, et par là même de diffusion à nul autre pareil. Justement parce qu’il est tout cela à la fois : en opérant à chaque stade de la création cinématographique, le Polygone construit un autre rapport à la production d’œuvres, d’où cette notion de laboratoire éminemment précieuse pour les artistes, et presque unique en France. La Semaine asymétrique se présente comme un point d’orgue à cette activité annuelle fourmillante. C’est également le moment du constat, et Jean-François Neplaz, à l’origine du projet, ne peut éviter de porter un regard critique sur la reconnaissance de ce lieu essentiel par les institutions : « Profondément, nous nous inscrivons dans l’aide aux auteurs. C’est indissociable des Semaines asymétriques. Le Polygone a permis l’émergence de réalisateurs tout autant régionaux qu’internationaux, que nous avons accompagnés vers une forme de professionnalisation. Les cinéastes sont passés ici, avec un éventail très large, de jeunes documentaristes marseillais à Jacques Rozier. Nous sommes sidérés de voir qu’il y a réellement une volonté politique de liquider ce pan de la production. » En effet, l’économie du lieu reste une équation aujourd’hui encore non résolue, malgré une activité stakhanoviste qui force le respect. Comme souvent pour d’autres structures phocéennes, le Polygone jouit d’une aura internationale remarquable, mais d’un déficit de reconnaissance sur le plan local. Pour Jean-François Neplaz, le problème est bel et bien politique : « Pourquoi un tel désengagement pour la création cinématographique hors grosses productions de la part des politiques, en l’occurrence du Conseil régional ? On a le sentiment, vraiment, que ces derniers agissent comme sous-traitants du CNC, mais quid de la création, des jeunes auteurs, des cinéastes régionaux, que nous défendons sans cesse au Polygone, et que nous accompagnons à tous les stades de diffusion ? Les Semaines asymétriques sont aussi l’occasion de se poser ces questions cruciales. » Avec plus d’une trentaine d’œuvres proposées gratuitement, souvent en présence des réalisateurs, et des débats passionnés, nul doute que cette nouvelle édition participera une fois de plus à faire bouger bien des lignes.
Emmanuel Vigne