Cœurs - (France – 2h05) de Alain Resnais avec Sabine Azéma, Pierre Arditi, André Dussollier…

Cœurs – (France – 2h05) de Alain Resnais avec Sabine Azéma, Pierre Arditi, André Dussollier…

Après une série de films aussi légers que subtils (Smoking / No Smoking, On connaît la chanson, Pas sur la bouche), Cœurs semble marquer un virage important dans la filmographie d’Alain Resnais, qui nous propose un film à son image… (lire la suite)

Tombe la neige

Après une série de films aussi légers que subtils (Smoking / No Smoking, On connaît la chanson, Pas sur la bouche), Cœurs semble marquer un virage important dans la filmographie d’Alain Resnais, qui nous propose un film à son image, c’est-à-dire vieillissant. Ici, il n’est plus question d’humour, de frivolité et de musique, le maître français traque plutôt la solitude et le vide qui entourent ses personnages. Dans le film pourtant, tout le monde vit à deux : Thierry (Pierre Arditi), agent immobilier, vit avec sa sœur (Isabelle Carré) qui recherche l’amour dans les petites annonces. Nicole et Dan (la troublante Laura Morante et Lambert Wilson) vivent en couple et cherchent un nouvel appartement. Lionel (Pierre Arditi), le barman de l’hôtel où traîne Dan, vit avec son père. Quant à Charlotte (la pieuse Sabine Azéma), sa schizophrénie l’empêche d’être vraiment « seule ». Pour accentuer l’isolement de chacun, Alain Resnais a plongé Paris sous une neige aussi dense qu’artificielle et tous les raccords du film sont semblables : un fondu où s’interpose entre deux séquences un « rideau » de neige. Les cœurs ne sont plus légers, ils sont lourds. Les sentiments sont comme les personnages, saisis par le froid, et chacun reste définitivement seul. Film plus inquiétant que décevant, Cœurs peine à trouver son vrai rythme et un certain réalisme qui collerait d’avantage à la tristesse du propos. Moins joueur, plus austère, Alain Resnais nous propose un cinéma de la désillusion où la misère de chacun n’est plus sauvée par l’optimisme collectif. Le constat est lucide, mais le plaisir est absent.

nas/im