Souvenirs
Klap continue son décollage avec la manifestation + de danse à Marseille et Résonance Bagouet. L’occasion de réunir des interprètes et chorégraphes qui ont participé à l’œuvre de Dominique Bagouet, décédé le 9 décembre 1992, autour de pièces remontées et de projections.
Pourquoi tant de chorégraphes ont-il dansé dans la compagnie de Dominique Bagouet ? Angelin Preljocaj, Olivia Grandville, Michel Kelemenis, Geneviève Sorin… Parce que Dominique Bagouet a emmené la danse vers des frontières inconnues qui ont révélé l’autonomie du danseur et son droit de dire « je ». Elève, il a d’abord étudié toutes les techniques : le classique chez Rosella Hightower, la technique de Balanchine au Grand théâtre de Genève, le néo-classique chez Maurice Béjart, le contemporain avec Carolyn Carlson à l’Opéra de Paris et la danse post-moderne chez Merce Cunningham et Trisha Brown. A la manière d’un peintre de la Renaissance qui voyage pour étudier les grands maîtres, Dominique Bagouet a su apprivoiser son corps et lui donner une technique au-dessus de la moyenne pour enfin se libérer des codes et aller vers ce qui lui trottait dans la tête. En créant le Centre Chorégraphique Régional de Montpellier, il se donne les moyens de produire sans limites le fabuleux répertoire qui nous est aujourd’hui légué avec les Carnets Bagouet. Ce qui point dans la danse de Dominique Bagouet, c’est une agilité enfantine où les gestes décrivent une intention et non une exactitude. Le pied est légèrement flex, la synchronisation d’un duo s’autorise de légers écarts, mais le tempo (l’essence de la danse) est toujours juste. Avec Dominique Bagouet, la danse traverse les années quatre-vingt dans un dépouillement réjouissant qui la voit se marier avec une guitare éléctrique (F. et Stein), de la musique concrète (Le Crawl de Lucien), des plasticiens (Boltanski)… Et peut-être son œuvre la plus aboutie, Necessito (1992), là où se rejoignent toutes les composantes de sa vie : le rapport au théâtre, à la bande (le groupe), le comique de répétition, les couleurs des costumes qui marquent une époque, le carré de sable comme aire de jeu. Car ce que l’on retient de son œuvre au-delà de sa pertinence, c’est cette notion de plaisir.
Karim Grandi-Baupain
Résonance Bagouet : du 10 au 14/12 à Klap, Maison pour la danse (5 avenue Rostand, 2e) et au Théâtre des Bernardines (17 Boulevard Garibaldi, 1er).
Rens. 04 96 11 11 20 / www.kelemenis.fr