Fabienne Fillâtre, l’ex-égérie de Ventilo, se produit jusque fin décembre au Badaboum Théâtre dans Lulu Poppop, une nouvelle création détonante signée Laurence Janner et Mélanie Marchand. Cette Lulu pour le moins explosive vogue sur scène entre les Beatles et Mai 68 et nous rappelle, avec candeur, qu’il est « interdit d’interdire » et, franchement, quelque part, ça fait du bien… (lire la suite)
Fabienne Fillâtre, l’ex-égérie de Ventilo, se produit jusque fin décembre au Badaboum Théâtre dans Lulu Poppop, une nouvelle création détonante signée Laurence Janner et Mélanie Marchand. Cette Lulu pour le moins explosive vogue sur scène entre les Beatles et Mai 68 et nous rappelle, avec candeur, qu’il est « interdit d’interdire » et, franchement, quelque part, ça fait du bien.
L’un des avantages de ce spectacle, c’est qu’il convient à tous. De 4 à 77 ans. Chacun y trouvera son compte. Les adultes penseront fortement à Peter Pan, à leur enfance, à cette imagination qu’ils ont oubliée en chemin. Les plus petits recevront Lulu Poppop comme un cadeau étincelant. L’incroyable énergie des personnages (les trois acteurs tourbillonnent, s’envolent) donne à cette pièce une fraîcheur que l’on trouve assez rarement sur les plateaux. Ils nous prennent par la main et nous emmènent avec entrain vers la fantaisie.
Lulu Poppop, sœur psychédélique de Fifi Brindacier, ne suit jamais les consignes. C’est logique puisque son père est pirate et qu’elle est elle-même une grande chercheuse de choses. Son insoumission congénitale, elle la transmettra à Nini et à Tom, deux camarades de jeux issus, eux, de la classe sociale éternellement rigide, la bourgeoisie. Ensemble, espiègles, ils découvriront les joies du chamboulement, ils verront qu’il est possible « de commencer à inventer ». Nous, nous redécouvrons ce monde avec eux.
La vidéo particulièrement soignée et une musique teintée seventies ont aussi leur part dans la réussite de cette frénésie. Ils accompagnent pleinement les excès libertaires et romanesques de la petite Lulu, tout comme ses rêves. Car oui, Lulu rêve et pas seulement éveillée. Mais les songes et l’indépendance n’empêchent pas Lulu d’être triste parfois. Sa marginalité, même si elle l’assume, lui donne tout de même du fil à retordre. Entrer dans le rang revient presque à l’impossible. Quand elle veut, par exemple, aller à l’école, c’est pour avoir des vacances comme tout le monde. Elle a raison, être en vacances tout le temps, c’est pas drôle. Pourtant, ô désespoir, elle s’aperçoit vite qu’elle n’éprouve pas d’affinités électives avec les conventions scolaires. Et puis pourquoi le professeur qui connaît déjà les réponses s’évertue-t-il à questionner les élèves ? Cela n’a pas de sens. Ce qui faudrait plutôt à Lulu, comme elle le clame, c’est le modèle d’enseignement argentin, c’est-à-dire en classe du 1er au 11 novembre, du 6 au 8 janvier et du 4 au 7 avril. Et surtout sans devoir à faire à la maison…
Ce délice mené tambours battants enchante au plus haut point. Tout en abordant des sujets complexes (l’ordre, la société, la révolte) et en mettant en avant la difficulté d’exister en naviguant à contre-courant, Laurence Janner ne laisse jamais le rythme baisser ou la facilité s’installer. L’enchaînement des péripéties surprend de bout en bout. La multiplication des personnages — on passe en revue des voleurs, des gendarmes, une institutrice — permet de jongler dans différents espaces, autorise des tours d’adresse et des prouesses de saltimbanques inspirés.
On l’aura donc compris, le Père Noël a pris de l’avance cette année. Il est au Badaboum depuis le 15 novembre et il jouera les prolongations jusqu’au 29 décembre. Attention cependant, ce Père Noël-là n’a pas de hotte ni de barbe blanche… Il est vêtu de godasses rouges à talons, il a les cheveux carotte et des bas-chaussettes verts et oranges. En plus il crie à qui veut bien l’entendre : « L’imagination au pouvoir ! » Pour une fois qu’on est totalement d’accord avec lui, on ne va pas bouder son plaisir…
Lionel Vicari
Jusqu’au 29/12 au Badaboum Théâtre. Rens. 04 91 54 40 71