5 concerts à la Une n° 212
Norbert Lucarain Trio > le 31 au Cri du Port
C’est donc avec le dernier disque de Norbert Lucarain, en trio et toile de fond sonore, que l’on retrouve le chemin de cette rubrique. Pas de la plus mauvaise manière : ce vibraphoniste aperçu chez Julien Lourau (Groove Gang), Louis Winsberg (Jaleo) et même Thomas Fersen n’a pas son pareil pour vous accompagner à la tâche, d’un pas léger, sautillant, avec une petite pointe d’humour qui fait vraiment la différence. L’instrument jouissant d’une côte de popularité proche de zéro (hormis dans certaines cafétérias Casino plus toutes fraîches), dépoussiérer ladite antiquité n’est pas donné à tout le monde, et Lucarain s’en tire à merveille avec des compositions évolutives qui n’oublient ni le sens du swing, ni celui de la surprise. Or c’est bien là l’essence même du jazz : une musique vivante, mouvante, en prise directe avec son temps plutôt qu’avec celui de ses aïeuls. Déconseillée aux lecteurs de Zibeline.
Nuits logiques (Cristal Records) www.norbert-lucarain.com
Imperial Tiger Orchestra > le 1er au Balthazar
Un nom qui résonne déjà comme une invitation au voyage. Et là aussi, une musique vivante, qui puise largement sa substance dans l’improvisation… L’Imperial Tiger Orchestra est né suite à une carte blanche donnée au trompettiste Raphaël Anker à la Cave 12, mythique squat genévois dont l’équipe s’est vu expulsée l’été dernier après vingt ans d’activisme (et qui était ensuite partie pour une tournée en France, conclue fin décembre à l’Embobineuse). Le répertoire de cette formation puise dans un certain âge d’or (les années 70) de la musique moderne éthiopienne : Mahmoud Ahmed, Mulatu Astaqé, Getatchew Mekurya… Autant de musiciens redécouverts au fil de la fameuse série Les Ethiopiques, et ici revisités sur le mode instrumental (voire même expérimental). Pour faire court, le travail hypnotique sur les cuivres et la rythmique devrait séduire les amateurs d’afro-beat, si tant est qu’ils aient fumé avant…
Démo (autoproduction) www.myspace.com/imperialtigerorchestra
Black Strobe > le 2 au Cabaret Aléatoire
25 septembre 2004, festival Marsatac. Dans la grande salle du Dock des Suds, qui n’a pas encore brûlé, c’est tout comme : Black Strobe vient de monter sur scène. Pendant qu’Arnaud Rebotini, le colosse aux airs de biker, embrase quelques fans médusés par tant de sauvagerie, Ivan Smagghe, totalement à l’ouest, finit de se consumer dans les chiottes. Symbole. Avant : le tandem le plus respecté de la scène électronique française. Après : un autre groupe, au sens propre du terme (quatre musiciens), totalement assujetti aux obsessions de Rebotini (un mec capable de mixer Rammstein et Nitzer Ebb dans des soirées au nom explicite : Sometimes funky people are dressed in black). Griller son petit pécule branchouille pour tenter le crossover entre clubbers, gothiques et métalleux, il fallait quand même oser. Evidemment la soirée de la semaine, avec intro princière (Nation All Dust) et after qui envoie du bois (Slam).
Burn your own church (Playlouder/Beggars) www.blackstrobe.net
Cocosuma + Sourya > le 2 au Cargo de Nuit (Arles)
C’est au Cargo qu’il faudra cette semaine aller chercher sa dose de pop moderne, avec un plateau qui justifie une fois de plus le déplacement. Cocosuma est un trio parisien depuis toujours, mais un trio qui n’a jamais réussi à garder sa chanteuse très longtemps, ne nous demandez pas pourquoi. Ils en sont ici à la troisième, et on croise les doigts pour que ce soit la bonne : cette Londonienne a un charmant grain de voix qui évoque celui de Sarah Cracknell, la chanteuse de Saint Etienne. On évolue d’ailleurs dans les mêmes sphères, une pop à la fois légère et consistante, riche d’une écriture délicate qui puise aussi bien dans le classicisme 60’s que dans les techniques d’enregistrement modernes. Porté par un merveilleux single aux accents new-wave (Charlotte’s on fire), l’album sort ces jours-ci. Sourya, jeune quatuor parisien qui fait parler de lui, présentera pour sa part des extraits du sien (annoncé pour mai).
We’ll drive home backwards (Third Side/Discograph) www.cocosuma.net
Abd el Haq & Uli Wolters > le 5 à la Meson
Tout au long de la semaine prochaine, la Meson donne carte blanche à Stéphane Galland – le programmateur musical de Radio Grenouille. Stéphane, c’est cette voix suave et sensuelle qui suffit à soulever chez ces dames, lorsqu’elles allument leur transistor en prenant leur douche, les envies les plus inavouables. Stéphane, c’est ce grand gaillard d’origine antillaise, aux yeux perçants et à la silhouette dénuée de toute once de gras, qu’elles rêvent ensuite de rencontrer en allant boire du rhum, à la paille, au Planet Mundo K’fé. Parce que Stéphane a de grandes oreilles et que ces dames, c’est bien connu, aiment les garçons pourvus de tels attributs, il n’a pas hésité à leur concocter une programmation à la hauteur de leurs désirs, dont on retiendra pour commencer cette rencontre inédite entre Uli Wolters (saxophoniste de Kabbalah) et Abd el Haq (« slammer » fraîchement arrivé chez Spoke Orkestra). Résisterez-vous à la tentation ?
www.lameson.com
PLX