Philippe Caubère est revenu à la Minoterie conclure en beauté la saga de son alter ego Ferdinand. Vingt-cinq ans après, le grand homme danse encore…
« C’est un jeu… un jeu d’enfant… de vieil enfant… » que nous fait partager Philippe Caubère en deux heures et quart de monologue. Ferdinand Faure se sent seul, il a perdu ses chaussures, ses clefs, son portefeuille… et son indéniable faculté à imiter les autres. Les personnes qui l’habitaient l’ont quitté : il ne reste plus que lui et une ficelle qui traînait au fond de la scène depuis vingt-cinq ans. Une ficelle qu’il va tirer afin de nous faire voyager, devenant tour à tour une avenue parisienne, une vitrine ou une jolie fille. L’objet permet de figurer ce que l’acteur crée, nous montrant que l’on peut faire du théâtre avec rien si ce n’est un peu d’imagination.
Belles et précises, les descriptions nous font pénétrer dans un monde magique, amusant et renforcent l’intimité entre l’acteur et le public. La scène est presque vide autour de Ferdinand, mais celui-ci croit à ce monde qu’il crée autour de lui et nous y entraîne avec la plus grande agilité.
De fait, le talent de Caubère à nous faire partager un moment de sa vie compense largement l’absence des autres personnages qu’il incarnait si bien. Les références à ces mêmes personnages et aux pièces jouées ultérieurement ne manquent pas et créent un humour fin et agréable pour les personnes connaissant un peu le passé de l’acteur. Cela dit, si l’humour est parfois subtil, il s’avère aussi un peu trop facile dans son rapport aux personnes qui l’entourent — notamment aux femmes. Les blagues un peu vulgaires sont courantes, mais ne boudons pas notre plaisir : on ne peut enlever à Philippe Caubère son incroyable talent à ne pas perdre le fil de son histoire dans une pièce bien ficelée et pleine de charme.
Texte : Pierrick Bonjean
Photo : Michele Laurent
L’épilogue de L’homme qui danse était joué du 22 au 26/01 à la Minoterie