Carte Blanche > à la Cie Eclats de Scènes
Elisaviéta Bam > par la Cie Les endimanchés
Music Hall > par la Cie Théâtre Provisoire
Pourquoi j’ai mangé mon père > par la Cie Théâtre de l’Aiguillon
Les Elancées, Festival des arts du geste
Carte Blanche
à la Cie Eclats de Scènes
Depuis trois saisons, le Théâtre de Lenche offre une carte blanche à une compagnie de la région : après L’Egrégore il y a deux ans et Vol plané la saison passée, au tour de la compagnie vauclusienne d’investir la petite scène du Panier. Entamée en janvier, la programmation au Lenche donne à voir toute l’étendue du répertoire d’Eclats de Scène, du vaudeville contemporain et critique (La part du gâteau) au huis clos policier (Le trésor des chemises noires), en passant par des spectacles de marionnettes à destination des plus petits (Vie de rêve ou rêves de vie, Liberté…). A la fois engagés et ludiques, les textes de Gilbert Barba permettent à la compagnie de prolonger sur scène le travail de démocratisation et de culture de proximité développé depuis 1998 dans le Vaucluse. Fidèle à ses idéaux humanistes (« culture pour tous, échanges et débats d’idées »), cette structure dynamique s’emploie en effet à faire vivre le théâtre là où on ne l’attend pas forcément (notamment en milieu rural), par le biais d’un centre culturel itinérant.
_Jusqu’au 25 au Théâtre de Lenche et à la Friche du Panier
Elisaviéta Bam
par la Cie Les endimanchés
Quatre-vingt années après sa création, Elisaviéta Bam, pièce russe écrite par Daniil Harms, un opposant au régime léniniste propagandiste alors fraîchement installé au pouvoir, est montée par Alexis Forestier et la compagnie des Endimanchés. Doit-on y voir un lien avec l’absurde chaos politique qui règne aujourd’hui ? C’est possible. Mais, à l’évidence, le choix de ce texte à fortes résonances surréalistes est aussi dû à son caractère scénique et langagier radical. Un matin, Elisaviéta est arrêtée par deux hommes, sans raison apparente, un peu comme Joseph K. dans Le Procès. Sauf qu’ici, à l’inverse du défaitisme kafkaïen, Harms retourne l’absurde fataliste en un absurde libertaire. Il opte pour cette ressource des bannis. Les objets n’ont donc plus leur place habituelle et les sujets se dissipent, ceux qui inculpent bégaient leurs structures idéologiques et le sens devient plus incontrôlable. Les mots comme unique réalité et ultime bastion de résistance : un programme aux consonances alléchantes…
_Jusqu’au 24 aux Bernardines
Music Hall
par la Cie Théâtre Provisoire
On fait ces métiers (comédiens, danseurs, chanteurs…) par passion ou on ne les fait pas. Mais la passion dure un temps, le temps d’apprendre. D’apprendre les humiliations, les défaites. Le temps d’apprendre à faire les mêmes choses tous les soirs, le temps d’être désabusé… Pourtant, malgré la disgrâce, quand on se retourne, on voit que ces moments ont eu leur beauté, leur force. Une saveur inégalée et inégalable. Alors on repart, on se remet à courir après les répétitions, après le spectacle, pour être encore et toujours sous les lumières. Eternellement. Jean-Luc Lagarce, l’auteur de ce Music Hall mis en scène par Georges Appaix, aime profondément ces gens, ces inconnus de la scène. Il leur rend un hommage vibrant, empreint de la mélancolie des coulisses. Ce numéro joué à la Minoterie est une belle manière de tirer, pour de faux, une énième révérence…
_Jusqu’au 24 à la Minoterie
Pourquoi j’ai mangé mon père
par la Cie Théâtre de l’Aiguillon
Nous sommes en – 450 000 ans avant Jésus-Christ : cerné de bêtes sauvages et « essayant de chasser la viande sur quatre pattes » alors qu’il tient lui-même « difficilement sur deux », l’Homo Erectus évolue dans un univers pour le moins hostile. Ce à quoi Edouard, sympathique et malin (comme un singe ?) chef de famille, ne peut se résoudre, cherchant à faire évoluer son espèce par tous les moyens (feu, arc, exogamie…) et s’attirant les foudres du réac’ oncle Vania. Dans cette Guerre du feu désopilante, Roy Lewis revisite avec brio les grandes problématiques sociales : l’éducation, l’écologie, le rôle de la femme, l’éternel combat entre progressistes et chantres du « c’était mieux avant »… Une fable philosophique dont les thèmes résonnent plus que jamais avec l’actualité, ce qui a sans doute poussé Damien Ricour à l’adapter pour les planches, dans un spectacle décapant où, en véritable performeur (r)évolutionnaire (« dans la veine d’un Jim Carrey qui serait tout droit sorti du très cartoonesque The Mask », annonce le dossier de presse), il incarne tous les personnages.
_Du 16 au 18 au Parvis des Arts
Les Elancées
Festival des arts du geste
Voilà huit ans que, sous l’impulsion du Théâtre de l’Olivier à Istres, le pourtour de l’étang de Berre se fait le lieu de la diversité culturelle autour des arts du geste (danse et arts du cirque). Plus particulièrement axée sur le métissage (avec l’accueil de dix-sept compagnies d’ici et d’ailleurs, notamment l’incroyable Cirque Phare Ponleu Selpak, né dans un camp de réfugiés cambodgiens), cette neuvième édition des Elancées s’annonce éclectique et riche de découvertes. Où l’on pourra s’étonner devant le ballet de (vraies) souris dirigé par Nathalie Pernette (Animale : la curiosité du festival), admirer les coups droits d’un trio d’hurluberlus parodiant l’ancien jeu de paume (Le Tennis), goûter les fables de la Fontaine revisitées par des danseurs (Les fables à la Fontaine) ou encore s’amuser des dernières pitreries jazzy du Cirque des Nouveaux Nez… Le tout sans en perdre une miette ou presque (le programme tient compte des trajets entre les communes accueillant le festival) et à des prix irrésistibles. Allons enfants de la pitrerie… cap à l’ouest !
_Du 16 au 25 autour de l’étang de Berre
CC / LV