Contre-enquête – (France – 1h30) de Franck Mancuso avec Jean Dujardin, Laurent Lucas, Aurélien Recoing…
Une fois n’est pas coutume, radotons. Il n’y a pas de néo-polar français et, d’ailleurs, il n’y en a jamais eu. Si l’éphémère brillance de quelques cinéastes a pu susciter un espoir sincère… (lire la suite)
Pars vite et ne reviens (surtout) pas
Une fois n’est pas coutume, radotons. Il n’y a pas de néo-polar français et, d’ailleurs, il n’y en a jamais eu. Si l’éphémère brillance de quelques cinéastes a pu susciter un espoir sincère (Guillaume Nicloux qu’on remercie encore pour Une Affaire Privée et qu’on aimerait bien voir revenir à son niveau), il faut bien se rendre à l’évidence : plus le temps passe et plus ça devient critique. Comme dirait ma mère (et si c’était Henri Seard ? Je sais plus, bref), le pire avec le temps c’est qu’on ne sait pas ce qui nous attend. Or, dans le premier film de l’ex-flic Franck Mancuso, une fois passé un atroce premier quart d’heure (vague relent idéologique du cinéma reaganien façon Bronson), le spectateur sait précisément ce qu’il va subir. Il voit la punition arriver en quelque sorte, et ce sous la forme d’une vengeance terriblement maladroite. D’un bout à l’autre, Contre-enquête est tellement balourd, expéditif et simpliste qu’on a parfois l’impression de visionner un vieil épisode du Commissaire Moulin. Esthétiquement, Mancuso est visiblement resté scotché aux années 70. Il avance avec la naïveté d’un gamin de trois ans persuadé qu’il peut nager sans ses bouées. Comment dès lors lui reprocher de ne pas se poser la question essentielle du montrable ? Comment également lui reprocher une culture cinématographique quasi inexistante ? Comment enfin ne pas être attendri en le voyant s’emmêler les pinceaux pour nous expliquer qu’en fait, faut pas croire, mais se venger, c’est mal… En définitive, le seul mystère de Contre-enquête, c’est sa distribution. On a beau se tordre les méninges, on se demande encore pourquoi des acteurs aussi talentueux (Dujardin, Lucas, Recoing) sont allés se perdre là-dedans. Consolons-nous : Joël Schumacher a enfin un successeur en France.
Romain Carlioz