Portrait : La Brousse
Le palais de La Brousse
Ou l’histoire d’un fanzine « sauvage » qui tranche (dans le lard) avec les traditionnelles publications culinaires.
Les étrangers en plaisantent souvent : les Français seraient obsédés par la bouffe, à tel point qu’en passant à table le midi, ils se demanderaient ce qu’ils vont manger le soir… Et à voir le nombre de blogs, d’émissions télévisées ou de magazines culinaires qui pullulent depuis quelques années dans l’hexagone, on ne saurait leur donner complètement tort… Pourtant, « il n’y a pas de fanzines, comme ça peut se faire aux Etats-Unis par exemple », souligne Valentine Leÿs, l’une des trois « huiles » de La Brousse avec Laura Laguillaumie et Tiphaine Dubois. Partant de ce constat, les trois jeunes femmes entreprennent, à l’orée de l’automne dernier, d’éditer un trimestriel sur le sujet. Le sujet, justement, est vaste, d’autant plus quand on refuse de se cantonner, comme la majorité des publications, à un cahier de recettes ou un guide de « fooding ». Car, et c’est sans doute la plus remarquable de ses particularités, La Brousse a les yeux plus gros que le ventre : « On peut aborder la culture, la vie quotidienne ou le sexe à travers ce filtre-là. On voulait faire quelque chose de décalé, où l’on pourrait parler à la fois de grands chefs et de la grand-mère de Machin… On voulait aussi que ce soit très ancré à Marseille, cette ville où des gens vendent des poulpes vivants en pleine rue ! » Dont acte avec un premier numéro « spécial snack » sorti en fin d’année dernière et faisant intervenir des gens d’horizons multiples, particulièrement des artistes. Au menu notamment, un roman-photo improbable, un sondage sur les sandwichs préférés des Marseillais, une histoire illustrée par Caroline Sury sur une pâtissière raciste ou encore « la carte mondiale des camions pizza de Marseille » (où, rappelons-le, le concept fut inventé) sérigraphiée par Nicole Crême. Tiré à cinq cents exemplaires, le numéro s’arrache comme des petits pains et permet une levée de fonds via le site de crowfunding Kiss Kiss Bank Bank. De quoi voir plus grand pour la prochaine fournée, comptant deux fois plus de pages et désormais à la vente pour éviter une pénurie trop précoce. Les membres de La Brousse ont donc mis les bouchées doubles pour concocter un numéro de (sauvage) printemps aux petits oignons, principalement axé sur le thème de la nature dans la ville, avec cueillette et pique-niques autour du GR® 13, portraits d’apiculteurs urbains et des énigmatiques brasseurs de la Plaine, bon trip(es) avec les Jnoun, études statistiques absurdes autour du pastis… Marseillais, vous voilà prévenus : vous allez vous gaver !
CC