Nouba du Maghreb, kora de Guinée, t’rung vietnamien, dastga de Perse : ceci n’est pas une nouvelle ligne de gels douche, mais seulement quelques exemples de ce que vous pourrez entendre, ce week-end, à l’occasion de Babel Med Music…
Nouba du Maghreb, kora de Guinée, t’rung vietnamien, dastga de Perse : ceci n’est pas une nouvelle ligne de gels douche, mais seulement quelques exemples de ce que vous pourrez entendre, ce week-end, à l’occasion de Babel Med Music.
Depuis maintenant trois éditions, Babel Med Music propose une véritable formule « deux en un », à la fois forum professionnel et festival axés autour des musiques du monde. Les journées sont réservées à plus de 1200 professionnels (artistes, programmateurs, distributeurs, agents…) qui sont ensuite rejoints par le public, en soirée, pour des concerts répartis sur trois scènes. Un concept qui a le mérite de joindre l’utile à l’agréable, et permet à chacun d’y trouver son compte : le public peut découvrir un large éventail d’artistes qu’il n’aurait sans doute jamais vu ailleurs, les professionnels peuvent juger ces artistes « en situation » et, bien entendu, ceux-ci peuvent de fait donner la pleine mesure de leur art. Et c’est effectivement l’une des grandes ambitions de Babel Med que de vouloir rattacher le monde artistique au monde marchand, notamment, comme le soulignent les directeurs artistiques Bernard Aubert et Sami Sadak, « en plaçant les participants dans un marché international. » Un désir qui s’illustre tant par la présence d’acteurs de tous horizons et pays, via l’organisation de conférences et débats sur le rôle des réseaux internationaux, que par une programmation musicale qui s’étend du Vietnam au Canada, de la Martinique au Mali. Même la scène régionale, qui représente un bon tiers de la programmation, a ici vocation à s’exporter… Ainsi, nombre d’artistes programmés lors des éditions précédentes ont pu décrocher dates et contrats hors de leur « zone d’influence » traditionnelle. Et le forum continue de trouver des solutions pour favoriser l’expansion du marché des musiques du monde, notamment à travers le cas des DVD musicaux, abordés ici avec la projection du documentaire Les rockers oubliés du désert autour du musicien touareg Abdallah Oumbadougou, et la conférence attenante : « un domaine que nous continuerons certainement à creuser dans le futur, car les DVDs représentent un potentiel énorme pour les musiques du monde, mais aussi pour améliorer la diffusion de celles-ci à un plus large public » assure Bernard Aubert. Mais ce qui fait de Babel Med un événement exceptionnel pour les amateurs de musique(s), c’est la volonté de faire venir des artistes n’ayant jamais, ou très peu, joué en France, voire même certains qui n’avaient jamais pu se produire au-delà de leurs frontières. L’occasion de faire de réelles découvertes, à l’instar des Maîtres du Belé, sorte de pendant martiniquais du Buena Vista Social Club qui sera sans doute l’un des temps forts de cette édition. Faisant fi des étiquettes et des plans promotionnels, c’est donc la carte de la diversité que joue Babel Med : le festival de toutes les musiques du monde, vocales ou instrumentales, traditionnelles ou modernes, qui fait naturellement le lien entre les genres et les regards. Dans un monde où certains plaident encore pour le repli sur soi et le rejet des autres, le cosmopolitisme musical reste un acte fort : où le public peut-il donc goûter dans une même soirée les chants populaires corses de Anghjula Potentini, les ballades du « Dylan africain » Diogal ou la « new jewish music » survoltée de Kabbalah ? Avec une trentaine de concerts en trois jours et autant de couleurs musicales différentes, Babel Med Music sera ce week-end cette improbable oasis.
Laurent Teissier
Babel Med Music, du 29 au 31 mars au Dock des Suds. Rens. 04 91 99 00 00
www.dock-des-suds.org