Hellphone – (France – 1h38) de James Huth avec Jean-Baptiste Maunier, Jennifer Decker…
Oh, la belle idée de cinéma ! Oh, le geste radical ! Imaginez un téléphone portable — symbole à peine voilé de la dictature consumériste rongeant notre monde occidental — qui deviendrait le corps-siège du malin…
Le malheur, c’est simple comme un coup de fil !
Oh, la belle idée de cinéma ! Oh, le geste radical ! Imaginez un téléphone portable — symbole à peine voilé de la dictature consumériste rongeant notre monde occidental — qui deviendrait le corps-siège du malin, l’incarnation même du Mal. On est en pleine transe figurative et il fallait bien James Huth (en passe de devenir le spécialiste frenchy de la série Z foireuse) pour donner un peu de chair à tout ça. Pour autant, il ne faut pas être trop cruel avec Hellphone. Comme dirait ma mère, qui a aussi bien connu les années 70 qu’Henri Seard (d’ailleurs c’est peut-être lui qui a dit ça… Je sais plus, bref) : un film qui cite Carpenter et Dante ne peut pas être foncièrement mauvais. Avec son idiotie revendiquée, sa lourdeur approximative (le gag bennyhillesque du « Fumer Tue ») et sa facture générationnelle, Hellphone est un produit de l’air du temps assez significatif. Au-delà, il dessine un paysage ludo-cinéphile plutôt amusant pour peu qu’on veuille bien se laisser aller. Dans la même veine que Serial Lover, le premier film de James Huth, Hellphone est hyper-référencé, noyé dans la citation cinéphagique émue et presque uniquement constitué d’images gentiment calquées sur ses modèles. De L’Exorciste à Zombie, en passant par Star Wars, Christine ou Gremlins, l’univers décrit est celui du slasher, vaguement teinté de teen movie ; celui du film du samedi soir, qu’on se regarde entre potes et qu’on refait indéfiniment le lendemain avec la caméra super 8 des parents. Insipide, interprété avec une grâce acnéique par Jean-Baptiste Maunier et filmé de travers pour « faire genre », Hellphone est peut-être un espoir pour tous les adolescents qui ont un portable 3G et qui ont vu Halloween. Pour les autres, c’est juste affligeant.
Romain Carlioz