Il est communément admis que le monde de la « minimale » se divise en deux pôles : l’Allemagne, qui concentre l’essentiel des forces vives du mouvement, et le Canada, d’où Dieu le Père…
Il est communément admis que le monde de la « minimale » se divise en deux pôles : l’Allemagne, qui concentre l’essentiel des forces vives du mouvement, et le Canada, d’où Dieu le Père en personne (Richie Hawtin) irradie sur des festivals d’envergure internationale (Mutek, Montreal Electronic Groove). Et puis il y a le Chili. Presque une erreur : comment ce petit pays d’Amérique latine a-t-il pu, un jour, peser autant dans la balance, insufflant une chaleur qui manquait cruellement à une syntaxe un peu austère ? Deux personnages sont au cœur de la réponse : Ricardo Villalobos, la superstar dont tout le monde parle, et Luciano, son cadet un tantinet moins exposé. Les deux hommes se connaissent bien, ils brillent de mille feux de par leur aptitude à conjuguer sens de la fête et recherche esthétique poussée, ont bien sûr un projet en commun (Sense Club) quand ils ne se fondent pas dans le G8 du genre avec le reste du gratin (Narodniki). Mais si Villalobos est connu pour son approche très mentale du dancefloor, Luciano, qui reste un cran au-dessus dès qu’il s’agit de partir en vrille (c’est dire…), possède une dimension bien plus physique dès lors qu’il s’empare des platines : c’est d’ailleurs par là qu’il s’est lancé dans le métier, avant même de s’attaquer à la production. Un ami, fan de longue date, confirme : « Ce mec a une science innée du dancefloor : il sait sentir son public, avec à ce qu’il paraît une propension à faire la fête assez hallucinante… Dans un bon soir, il y a très peu de hits dans ses mixes, ceux-ci étant basés sur le rythme, donc très efficaces. C’est l’un des personnages les plus intéressants de la dance music, il est polyvalent et a une vraie vista. » Effectivement, Luciano cumule les casquettes : Dj, producteur aux registres divers (on se souvient qu’il avait surpris son monde en sortant un premier album… downtempo) mais aussi patron de label, Cadenza en l’occurrence, qui aura permis de mettre en lumière divers artistes au gré de ses collaborations – Quenum, Serafin, Pier Bucci (leur projet Mambotur), Lee Van Dowski ou encore Thomas Melchior, présent samedi soir pour un live. Mais alors, le « son » Luciano, ça donne quoi ? Ni vraiment techno ni vraiment house, sa patte est pourtant identifiable à la première écoute : construite sur un enchevêtrement de micro-sons et de motifs rythmiques, s’emboîtant méthodiquement jusqu’à dessiner une ligne mélodique, elle s’avère au final d’une finesse en tous points sidérante, fluide et aérienne – une gageure si l’on s’amuse à décortiquer au casque ce mille-feuilles polyrythmique. Là est la grande force des ténors du genre : produire une musique accessible au commun des clubbers (Luciano va faire salle comble) quand elle s’avère en fait d’une extrême complexité… Ce week-end, c’est donc au Spart que ça se passe. Et la bonne nouvelle, c’est que ce n’est que le début : Loco Dice, l’étoile turque affiliée au team Cadenza, est annoncée début juin.
PLX
Carte blanche à Luciano feat. Thomas Melchior (live), le 7 au Spartacus, Plan-de-Campagne, minuit
www.cadenzarecords.com et www.myspace.com/thebeezspartacus