Les Contes de Terremer – Dessin animé (Japon – 1h56) de Goro Miyazaki
Les Contes de Terremer sont aux studios Ghibli ce que Canada Dry est à la bière : semblable à s’y méprendre tout en étant autre chose. Emballé comme du père (dessins, couleurs, personnages, thématiques écolos, etc.)…
Du fils à retordre…
Les Contes de Terremer sont aux studios Ghibli ce que Canada Dry est à la bière : semblable à s’y méprendre tout en étant autre chose. Emballé comme du père (dessins, couleurs, personnages, thématiques écolos, etc.) avec, en son for, la petite patte cassée du fils. Autrement dit, le cul assis entre deux chaises. La sensation de l’alcool sans alcool. Goro Miyazaki, bien sûr, ne renie pas un héritage prêt à l’emploi (pourrait-il faire autrement de toute façon ?). La machine Ghibli est suffisamment huilée pour n’avoir plus qu’à s’asseoir dessus. Et bizarrement, avec un tel matériau, Goro ne prend pas ses aises. On aurait pourtant pu penser l’inverse dès la première et fracassante scène du parricide. Quelque chose détonne dans cette séquence et se sépare du recopiage des ambiances douces et chaleureuses de papa Hayao. Finalement, ça retombe très (trop) vite dans les sentiers battus voire dans une forme de mièvrerie. Il y a un refus, un malaise à vouloir être totalement autonome. Goro Miyazaki reste sur les traces de son géniteur, ce qui confère à son premier long métrage une raideur constante et une confusion véritable. En fait, c’est comme si Les Contes… s’apparentait à une épreuve qu’il fallait absolument réussir avant de prendre son envol. Du coup, Miyazaki junior ne semble pas vraiment concerné par son sujet. En pilotage automatique, empêtré dans une grammaire narrative et stylistique qui ne lui appartient pas, il offre aux fidèles un produit lisse qui rappelle le mollasson et standardisé Royaume des chats[1]. Les Contes de Terremer, s’il ne convainc pas, n’est pas non plus un navet de premier ordre. Et si l’on est complètement honnête, si l’on arrive à oublier l’étiquette Ghibli avant d’aller le voir, on peut presque passer un « bon » moment en se laissant « saouler » par la beauté des images. Pas indispensable, pas impérissable, pas inoubliable.
Lionel Vicari
Notes
[1] Dessin animé estampillé Ghibli mais qui, rappelons-le, n’avait pas été réalisé ni supervisé par le père et son équipe.