Anna M. – (France – 1h46) de Michel Spinosa avec Isabelle Carré, Gilbert Melki…
Décidemment, la vie est belle (voir la chronique de Norway of life la semaine passée) : Anna, femme-enfant travaillant dans la prestigieuse bibliothèque nationale, offre tous les atours du bonheur…
Tête au carré
Décidemment, la vie est belle (voir la chronique de Norway of life la semaine passée) : Anna, femme-enfant travaillant dans la prestigieuse bibliothèque nationale, offre tous les atours du bonheur. Pour parfaire le tableau, elle vient de séduire le brillant docteur Zanevsky au cours de la visite qui a suivi son accident. Grave ? Non, juste une voiture qui l’a malencontreusement écrasée alors qu’elle se jetait dessous. Passons. Grâce à ce nouvel amour qui se dessine, Anna va se remettre rapidement sur pied… Stop : tout ce qui précède est faux. Si le spectateur revoit rapidement son diagnostic (Anna a un sérieux pet au casque et une tendance à la mythomanie), la demoiselle en question a beaucoup plus de mal à prendre du recul. Elle sait qui si elle laisse échapper ces quelques certitudes, crispées autour de la passion supposée du docteur, tout va s’écrouler. Y compris son cerveau. Dans un bel effort, Michel Spinoza introduit timidement un regard subjectif autour d’un thème psychiatrique — l’érotomanie — qui en demandait cependant bien plus. En effet, même si le monsieur a compris qu’en 2007, on ne raconte plus l’histoire de quelqu’un, mais on tente de la faire vivre, il n’a pas été jusqu’au bout. Pourtant, malgré une alternance de plans impressionnistes et de plus gros sabots crottés d’intentions, le réalisateur ne se sort pas trop mal de cette ambitieuse entreprise. Le choix d’Isabelle Carré, capable d’incarner la pré-ado scotchée ou la peau vieillissante, n’y est pas pour rien. Fixés sur Anna M, nous avalons donc la pilule qui passe plutôt bien, même si les effets indiqués sur la notice resteront quelque peu sous-dosés.
Emmanuel Germond