Rétrospective intégrale Robert Guédiguian
Cinéma de quartier
MP 2013, l’Alhambra et la Criée s’associent afin de rendre hommage à Robert Guédiguian, cinéaste marseillais majeur qui a su faire de la ville et ses quartiers, en l’occurrence l’Estaque, le théâtre d’une œuvre exceptionnelle, déclinée sur trente ans de carrière.
L’événement nous pendait au nez : comment envisager un tour d’horizon cinématographique au sein de la Capitale européenne de la Culture sans consacrer un hommage à Robert Guédiguian, cinéaste phocéen (trop ?) incontournable, qui, à quelques exceptions près, a su rester d’une franche fidélité à cette ville qui l’a vu naître, accompagnant ses premiers pas de réalisateur, à l’orée des années 80, avec Dernier Eté. Le cinéma de Guédiguian est né avec l’arrivée au pouvoir du socialisme en France. Et l’a accompagné corrélativement dans ses luttes, ses espoirs, ses désillusions, ses colères. On connaît peu ou prou l’engagement du cinéaste, même s’il s’est parfois teinté de contradictions : une rhétorique politique lucide qui n’hésite pas à côtoyer le conte humaniste, un chant du monde qui prend des allures de cri du cœur. L’essentiel de son cinéma est au final contenu dans ses six premières œuvres, tournées de 1981 à 1995, de Dernier Eté, donc, à A la vie, à la mort, peut-être l’un de ses meilleurs opus. La fidélité à sa famille d’acteurs (Ascaride, Meylan, Daroussin…), qui le suivront jusqu’à nos jours, est déjà de mise pour l’homme qui se qualifiera lui-même de « cinéaste de quartier », ancrant bien volontiers l’action de ses films au cœur des rues de son enfance, à l’Estaque. Les liens tissés avec l’Alhambra ne datent pas d’aujourd’hui : il devenait alors logique que ce cinéma phocéen de référence accueille en grande partie l’événement, conjointement, pour le centre-ville, à la Criée. Les deux écrans marseillais proposeront donc une intégrale de l’œuvre de Robert Guédiguian, qui accompagnera lui-même certaines projections, accompagné de sa « tribu » et de quelques critiques, dont certaines plumes de Télérama. La manifestation sera enrichie de deux documentaires consacrés au réalisateur, dont le En vérité je vous le dis de Richard Copans, producteur de premier plan et fondateur des Films d’Ici. Par ailleurs, le public aura également la possibilité de déambuler sur les différents lieux de tournages, permettant de mettre en miroir l’œuvre du cinéaste avec une certaine réalité urbaine.
Emmanuel Vigne