ACID Cannes 2020 – Hors les murs
Accro à l’écran
Ayant dû annuler sa sélection cannoise, l’ACID, maillon vital de l’industrie cinématographique hexagonale, fait un arrêt à Marseille pour nous dévoiler les neuf films de haut vol défendus cette année.
N’y allons pas par quatre chemins : l’industrie cinématographique hexagonale — et nous l’évoquons régulièrement dans ces colonnes — reste indéfectiblement corsetée au gré des nombreux intérêts qui régissent la profession, parfois fort puissants. Le cinéma en France, sa production, sa distribution, son exploitation, reste un paradoxe, celui où le nombre conséquent de films distribués et de lieux de diffusion n’est pas toujours synonyme de diversité et de renouvellement des formes. Paradoxe que vient inévitablement bousculer le changement profond de paradigme que semble découvrir aujourd’hui cette industrie. Fort heureusement, quelques îlots de résistance et d’exigence nous permettent de faire halte dans notre exploration au long cours de l’imaginaire cinématographique contemporain. Parmi eux, citons sans conteste l’ACID, Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion. Regroupement de cinéastes, la structure défend depuis de nombreuses années un cinéma non pas exigeant — donc excluant—–, mais bel et bien un geste libre et ouvert sur le monde, propre à réinventer sans cesse la question fondamentale de l’évolution de l’image en mouvement. Profitons de ces lignes pour rendre hommage à l’ancienne et sémillante directrice Fabienne Hanclot, partie vers d’autres horizons, et accueillir Aurélie Bordier qui en prend aujourd’hui la direction. L’ACID reste un rouage crucial pour le soutien des films, des salles et des artistes, comme le révèle en point d’orgue de ses activités la sélection cannoise que l’association nous concocte chaque année, moment le plus passionnant de l’éminent festival. L’édition 2020 n’ayant pu avoir lieu, l’ACID a ainsi décidé de maintenir la programmation cannoise dans une poignée de salles hexagonales partenaires, conservant les critères habituels de sélection, avec neuf longs-métrages présentés cette année. La structure fait donc halte du 8 au 11 octobre au cœur de la cité phocéenne, pour le plus grand bonheur du public marseillais qui pourra à l’envi découvrir ces neuf opus en présence de nombreuses et nombreux invité.e.s. À commencer par l’excellent The Last Hillbilly, plongée américaine du duo Thomas Jenkoe (Souvenirs de la Géhenne) et Diane-Sara Bouzgarrou, qui ouvriront les festivités le jeudi 8 octobre au Gyptis. Suivront Nora Martirosyan pour Si le vent tombe, en partenariat avec Films Femmes Méditerranée, Marie Dumora (dont nous reste en mémoire le touchant Belinda), pour Loin de vous j’ai grandi, Michele Pennetta pour la séance d’Il Mio Corpo, tourné sur les terres intenses de Sicile, ou Ilan Klipper pour Funambules. Marie Clément, professeur au lycée d’Ivry-sur-Seine et protagoniste du film, accompagnera de son côté la séance de la dernière œuvre de Nathan Nicholovitch (qui nous avait enthousiasmé sans réserve pour l’opus Avant l’aurore) : le bouleversant Les Graines que l’on sème. Une poignée de partenaires viennent se mêler à l’événement, à l’instar du festival Image de Ville pour la séance de Les Affluents de Jessé Miceli, ou CineHorizontes, qui accompagnera le film d’Isabel Lamberti, La Última Primavera. En neuf films et de nombreuses rencontres et échanges, c’est toute la modernité de la question cinématographique qu’aborde dans cette proposition l’équipe de l’ACID, aux côtés de celles du Gyptis et de la Baleine.
Emmanuel Vigne
ACID Cannes 2020 – Hors les murs : du 8 au 11/10 aux cinémas La Baleine (59 cours Julien, 6e) et Gyptis (136 rue Loubon, 3e).
Rens. : www.lacid.org/fr
Le programme complet du rendez-vous ACID Cannes 2020 – Hors les murs ici