Cheick Tidiane Seck © Laurent Bugnet

Africa fête 2017

Singulier pluriel

 

Militant pour la reconnaissance des droits des Africains et pionnier de l’exportation des musiques africaines à l’international, Mamadou Konté crée Africa Fête en 78 à Paris. L’événement voyagera ensuite en Afrique en 94 et aux États-Unis en 93 avant de se poser en Provence. Aujourd’hui label, Africa Fête est ainsi désormais un festival devenu incontournable dans le paysage marseillais.

 

De l’événementiel, certes, mais de quoi questionner le devenir des cultures et identités africaines, dans un contexte en prise à la globalisation. En atteste un édito d’une belle justesse, pour annoncer les festivités tout en tirant la sonnette d’alarme. « Le constat est accablant : l’évolution fait régresser ! Car, en effet, il est juste de penser aujourd’hui qu’une orientation hégémonique gangrène nos sociétés. Elle impose un conflit de loyauté à chaque membre de ces communautés face au caractère indéniable de leur identité plurielle. » Il serait par ailleurs malhonnête, si ce n’est dangereux, de n’y voir qu’un problème propre aux cultures minorisées : tout le monde est concerné et ne peut s’y dérober.

Africa Fête se veut ainsi une fenêtre de la diversité culturelle et un espace de rencontres. En hommage à Mamadou Konté, le Bal de l’Afrique Enchantée pourrait s’avérer le clou du festival. Les « mercenaires de l’ambiance » accueilleront l’ami proche de Mamadou Konté, Manu Dibango, qui parrainera la soirée, Cheick Tidiane Seck du Mali, surnommé « le guerrier » en raison de ses textes politiquement engagés, et le pianiste Ray Lema, qui y mettra son grain de sel, après s’être exilé pendant trente ans aux États-Unis suite à un profond désaccord avec la Présidence de Mobutu. Et pour couronner le tout : le grand Touré Kunda, qui a débuté sa carrière musicale dans des concerts de soutien au profit des émigrés. In fine, un festival déclencheur, multiplicateur de consciences, ici et ailleurs : « Notre défi majeur pour les années à venir, en plus de l’écologie, est de pouvoir permettre à chaque individu sur terre d’exprimer son humanité et le sens qu’il donne à son existence. Du fait même de cette gangrène totalisante, il va de soi, qu’il urge de recourir, plus que jamais à la diversité. »

 

Catherine Moreau

 

Africa fête du 30/06 au 8/07 à Marseille.
Rens : africafete.com

Le programme détaillé d’Africa fête ici