Rosa Rosae de Carlos Saura
Rosa Rosae, c’est la guerre civile vue par l’un des plus grands réalisateurs espagnols, c’est-à-dire, vue comme elle n’a jamais été montrée : en dessin et en chant.
Par un montage de photographies en noir et blanc issues de ses archives personnelles, Saura illustre sobrement l’horreur passée et retrace le violent contraste entre l’enfance et la guerre ; entre les bancs de l’école et les fusillades, tel qu’il l’a vécu lui-même. Un court-métrage élégiaque, telle une déclinaison de souvenirs, sur la puissante musique de José Antonio Labordeta.
La Voix humaine de Roberto Rossellini
Une femme au cœur brisé téléphone à son ancien amant qui la quitte pour une autre femme. Elle l’aime encore et tente de le retenir.
À l’origine du film : la pièce de théâtre de Jean Cocteau écrite en 1928, En 1948, Roberto Rossellini sort L’amore, Due storie d’amore, un film composé de deux moyens métrages : La voce umana (La Voix humaine) et Il Miracolo (Le Miracle). Huis clos d’échos entre théâtre et cinéma — Cocteau lui-même en est le « passeur » — cette Voix humaine du cinéaste néoréaliste italien est d’une folle intensité dramatique et transcende la poésie de Cocteau.
La Voix humaine de Pedro Almodóvar
En 1988, Almodóvar s’inspire déjà du texte de Cocteau La Voix Humaine (1928) pour son film Femmes au bord de la crise de nerfs et il imagine les deux jours qui précèdent l’action de ce récit. Il revient à ce texte en 2020 et met en vedette la formidable actrice britannique Tilda Swinton dans une version librement adaptée, post-moderniste, qui porte cependant toujours la même trame, ce même trauma : une femme quittée par l’homme qu’elle aime. Esthétisé, graphique et chic, le film vogue entre cinéma et théâtre et réaffirme le style d’un cinéaste inimitable. Impeccable, immanquable.
Emmanuel Vigne