Phœnix

Pièce pour douze danseurs par la Cie Grenade, à l'occasion de ses 30 ans (1h05). Direction artistique et chorégraphie : Josette Baïz. Dès 10 ans

30 ans, déjà ! À l’image de l’oiseau légendaire, Grenade est doté d’une grande longévité et d’une belle créativité, portée par plusieurs générations d’interprètes à la vitalité et à l’énergie inépuisables.

Il n’y a pas l’ombre d’une nostalgie dans cette pièce anniversaire résolument tournée vers le futur. Car Josette Baïz met à l’honneur ses danseurs avec pour seule injonction : « Allez vers la transformation… allez vers des ouvertures, des brèches. Trouvez dans l’ombre la lumière. » Une manière jubilatoire de puiser dans la puissance de l’énergie, de brûler le passé pour dessiner l’avenir avec des corps nourris de toutes les chorégraphies traversées, unis par leur façon de danser très particulière. Des corps non formatés qui ont mis les chorégraphes à l’honneur, tout récemment encore dans Inventaire, avec une générosité sans faille.

 

http://www.josette-baiz.com/

 

Salle Émilien Ventre
Le jeudi 26 janvier 2023 à 20h30
13/25 €
http://www.rousset-fr.com
Boulevard de la Cairane
13790 Rousset
04 42 29 82 53

Article paru le mercredi 24 novembre 2021 dans Ventilo n° 455

Identité Remarquable | Josette Baïz et la Cie Grenade

Renais, sens !

 

La compagnie de danse de Josette Baïz, Grenade, fête ses trente ans de création avec le spectacle Phoenix, né durant ces derniers mois si particuliers. Rencontre avec la chorégraphe, accompagnée d’Angélique et Maxime, deux de ses jeunes danseurs.

    Une lumière crue tombe sur la scène, éclairant un corps qui se tord, presque animal. Le Phoenix renaîtra-t-il de ses cendres ? Absence de décor, sons métalliques : le ton est donné. Phoenix propose une expérience qui résonne en chacun avec l’actualité oppressante de ces temps troublés.   De l’ombre à la lumière Josette Baïz nous en dit plus : « J’avais proposé à la troupe un questionnaire pour les trente ans de Grenade, pensant que ce qui allait en sortir serait très festif et jubilatoire, mais on était en plein confinement et le thème de la solitude revenait très souvent. » S’appuyant sur ce premier constat, elle propose alors à ses danseurs de composer des tableaux offrant un cheminement vers la lumière. « Mais c’est vrai, une partie du spectacle propose des émotions internes très fortes, parfois angoissantes », ajoute la chorégraphe aixoise. Ces émotions sont incarnées par ce qu’elle nomme « la meute », un cœur palpitant de douze danseurs, accompagnés par les mots fort bien choisis des poètes Antonin Artaud ou Yeats. « Ils ne se regardent pas, ne se touchent pas, dans un enfermement menant à la folie. » Mais pas question d’en rester là.   Des danseurs au premier plan Chaque danseur a pu intégrer au spectacle ses propres influences et thèmes de prédilection. Ainsi, Maxime tenait à ce que les violences envers les femmes durant le confinement soient abordées : « La cause des femmes m’est chère, mais c’était difficile de sortir du côté sombre, un challenge d’aller vers quelque chose de plus libérateur. C’est un tableau de sept minutes où les filles sont entravées, se cachent les yeux, la bouche, expriment une colère. Petit à petit, elles reprennent le pouvoir, avec un côté guerrier. Elles se libèrent, se reconnectent à leur féminité, leur plaisir, s’engagent dans leurs mouvements comme dans la vie. » Peu à peu, influences folkloriques et hip-hop emmènent le spectateur vers des contrées plus lumineuses, « une rythmique plus dynamique et une jubilation », selon Josette Baïz. Vient alors la partie des garçons et le retour du Phoenix. Les lumières se font plus chaudes, les costumes en transparence, la musique plus mélodique. Angélique a tenu à aborder le thème de l’extase à travers un duo : « Ma personnalité est assez ouverte, positive. Le cadre de l’ouverture me parlait plus. On a tous les deux (avec Anthony, un des danseurs de la troupe, ndlr) une gestuelle plus ouverte dans l’espace. On avait envie de voyager, de se reconnecter, alors qu’au début on est comme des robots. C’était important de retrouver les regards, le corps. » « C’est plus lyrique, moins torturé », ajoute Maxime. Le plus important pour Grenade reste le collectif, le partage.   Une actualité riche pour les trente ans Pour fêter cet anniversaire, un clip vidéo accueille les spectateurs dès l’entrée de la salle. L’idée : réunir la première génération de danseurs et les tout jeunes élèves d’aujourd’hui. Depuis le début de l’aventure, Josette Baïz n’a de cesse de faire découvrir la danse aux enfants des quartiers populaires et de s’ouvrir à tous les répertoires. La compagnie intervient dans les écoles marseillaises et aixoises. « On a la planète représentée, je métisse à mort ! Danse orientale, africaine… L’échange est fabuleux mais cela devient de plus en plus difficile : concurrence des clubs sportifs, problématiques religieuses… Les danseurs professionnels interviennent auprès des élèves dans toute la France. » La compagnie fourmille de projets pour 2022 : le spectacle Baobabs fera de nouveau danser les enfants sur le thème de la planète, (La)Horde remontera un extrait de Room With A View et Lucy Guérin proposera une création pour les jeunes. Enfin, un film de Luc Riolon et un livre retraçant le parcours de Grenade sont attendus au début de l’été 2022.  

Amélie Falco

 

Prochaines représentations :

- Baobabs : le 2/02 au Théâtre de l’Olivier (Istres).

- Phoenix : le 8/03 au Théâtre Armand (Salon-de-Provence)

Rens. : http://www.josette-baiz.com