Deux conférences animées respectivement par Philippe Charlier (anthropologue, médecin légiste et directeur du département de la Recherche et l’Enseignement du musée du quai Branly) et Abdel Aouacheria (biologiste et essayiste)
«Zombis : une autopsie anthropologique et médico-légale»
Suivi d'un échange avec Bernard Müller, anthropologue.
Dans cette présentation, fruit de plusieurs missions de terrain sur « l’île magique », on verra comment les sciences fondamentales (biologie et médecine) et humaines (anthropologie et archéologie) permettent de mieux comprendre la réalité des zombis au sein du vaudou haïtien, leur lien avec l’esclavage et les pratiques magico-religieuses autour de la maladie et de la mort.
«Le zombisme dans la nature»
Venus du vaudou, popularisés au cinéma par le film de George A. Romero La Nuit des morts-vivants (1968), puis propulsés au firmament grâce au clip Thriller de Michael Jackson (1983), les zombies évoluent plus que jamais aux côtés des humains à travers diverses séries disponibles sur petit écran (comme The Walking Dead) ou en jeux vidéo (Resident Evil).
Ce « phénomène Z » a pris une telle ampleur que le gouvernement américain a édité un plan à déployer en cas d’apocalypse zombie. On peut se demander aujourd’hui si l’imaginaire du mort-vivant n’a pas percolé dans toutes les strates de notre rapport au réel (du zombie philosophique aux cellules-zombies de la biologie contemporaine). La portée symbolique (extrêmement riche) de la figure du zombie et son rôle de révélateur de l’évolution de nos sociétés (en particulier dans leur rapport au corps, à l’identité et à la mort) l’ont placé sous la lumière des projecteurs. Mais les zombies fictifs que l’on connait ne cacheraient-ils pas de « vrais » zombies, tapis dans leur ombre ? La notion de mort-vivant est-elle seulement métaphorique ?
Nous verrons que des formes naturelles de zombification peuvent être retrouvées chez certains animaux (dans des relations hôte-pathogène) ou dans des conditions pathologiques (avec l’apparition de « caractéristiques » propres aux zombies). Fourmis marionnettes, araignées téléguidées, cigales nymphomanes, blattes victimes de terrifiants chestbursters (les « éclateurs de poitrine » de la franchise Alien), les exemples sont nombreux. On recense également toutes sortes de maladies à « traits zombies », dont les manifestations peuvent être physiques ou comportementales, et souvent les deux à la fois.
Le zombie, figure achevée de l’alter ego pas très présentable, n’a pas fini de nous surprendre, jusqu'à nous en apprendre sur nous-mêmes et sur le monde qui nous entoure. Tout à la fois divertissement, stigmate civilisationnel et objet d'étude transdisciplinaire que les sciences abordent sous un nouveau jour, le zombie nous parle autant que nous parlons de lui.
Muséum d'Histoire Naturelle de Marseille
Le jeudi 1 janvier 1970
Entrée libre. Réservation fortement conseillée au 04 91 90 08 55 ou à resa.popphilo@gmail.com
www.semainedelapopphilosophie.fr
Palais Longchamp
1 Boulevard Philippon
13004 Marseille
04 91 14 59 55
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