"Nous ne sommes pas des zombies : de la théorie à la pratique" + "Le virus de la distraction. Pourquoi des zombies en philosophie" + "Zombie Music"

Trois conférences respectivement animées par Yann Schmitt (philosophe et essayiste), Pierre Cassou-Noguès (philosophe et écrivain) & Martin Legros (philosophe et rédacteur en chef de Philosophie Magazine), et François Bensignor (écrivain et journaliste spécialiste des Musiques du monde) & Arnaud Robert (écrivain)

«Nous ne sommes pas des zombies : de la théorie à la pratique»

En développant la notion de zombie en philosophie, David Chalmers pose la question de la relation de notre vécu, de notre expérience subjective, avec le reste de notre fonctionnement physique et biologique. L'intuition centrale est qu'il est possible d'avoir un corps et un cerveau en parfait état de fonctionnement sans pour autant avec avoir une conscience vécue. Cette possibilité est celle de l'existence de zombies : des êtres en tout point semblables à des êtres humains d'un point de vue physique et biologique et qui se comportent extérieurement comme des êtres humains, sans pour autant avoir l'expérience subjective de ce qu'ils vivent et font. Bien sûr, nous, les êtres humains, ne sommes pas des zombies, mais justement, tel est ce qu'il faut comprendre : qu'est-ce qui nous différencie des zombies ? Et dans les pratiques, que penser des pouvoirs politiques ou économiques qui nous traitent comme des zombies, comme des êtres fonctionnellement efficaces mais sans prendre en compte l'expérience subjective, la souffrance notamment ?

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«Le virus de la distraction. Pourquoi des zombies en philosophie»

Absents mais contagieux

Dans l'éventail des créatures du fantastique contemporain, le zombie se définit par une forme particulière d'absence à soi et par le fait que cette absence est d'une façon obscure contagieuse. Le zombie des séries télévisées et du cinéma n'est pas inconscient, ou privé de sensations. Il voit, il entend, il prend plaisir parfois, ce n'est pas un robot, ou une enveloppe vide d'une expérience intérieure. Il est comme aveuglé par son désir de sang, ou de chair humaine. Il aurait quelque chose à voir avec le somnambule mais le somnambulisme n'est pas contagieux. Pour bien saisir cette absence à soi, il faut comparer le personnage du zombie avec d'autres, le vampire, le robot, le somnambule mais aussi le consommateur abreuvé de publicité. Dans le film de Romero, Le Crépuscule des morts-vivants, les zombies hantent en foule un centre commercial.
Sommes-nous nous-mêmes des zombies, quand nous faisons les courses poussant notre caddie le samedi après-midi ? Sommes-nous maîtres de nos désirs ou, comme des zombies, absents à soi, la réalité du désir se jouant plus profond que notre conscience, dans une viralité qui nous échappe ? Une viralité qui n'est pas biologique mais implique néanmoins des contagions.
Enfin, comment la philosophie peut-elle penser cette contagion et cette absence à soi qui caractérise le zombie ? La philosophie risque toujours de prendre cette absence dans soi dans l'alternative de la conscience et de l'inconscience, du plein ou du vide, ce à quoi justement elle échappe. C'est alors pourquoi la philosophie a besoin de la littérature fantastique qui lui donne des images, des noyaux de sens, dont elle peut s'emparer et user. C'est bien pourquoi il y a des zombies en philosophie. La philosophie pense par images.

«Zombie Music»

Pour avoir chanté Zombie, Fela Anikulapo Kuti a vu sa maison brûler, tous ses biens détruits, ses femmes et musiciens molestés, sa mère âgée défenestrée… Telle était la réponse de la junte dirigeant le Nigeria à l’affront de ses paroles, qui décrivaient les militaires comme des zombies qu’elle manipulait. Le mot zombie est hérité des anciens peuples Kongos d’Afrique Centrale, comme beaucoup de rythmes générateurs de genres musicaux partis du Nouveau Monde : samba, rumba, tango, compas, salsa, reggae, tant d’autres. Les mélanges entre cultures traditionnelles kongos et cultures issues du Golfe du Bénin ont irrigué les religions syncrétiques d’Haïti, de Cuba ou du Brésil. Issues de ces pratiques communautaires où prévalent rythmes, chants et danses, ces nouvelles musiques ont fait florès, séduisant quasiment tous les peuples du monde. S’y est mêlé le mythe du zombie, largement adopté par les descendants d’esclavagistes blancs, notamment dans la pop et surtout dans le rock métal. Ces derniers tentent-ils d’exorciser de vieux démons ?…
Aujourd’hui, la musique populaire, devenue un phénomène global, conserve les stigmates d’une racialisation outrancière induite par la traite des Africains. La peur de l’autre continue d’alimenter le mépris patent ou secret de certaines populations occidentales vis à vis des Afro-descendants. Pourtant leur contribution a fait évoluer considérablement l’art de la musique depuis le XXe siècle. Si d’aucuns ne veulent voir en eux que des zombies décérébrés, leurs réalisations culturelles montrent qu’ils possèdent bien plus qu’un cerveau, une âme humaine agile et créative.

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Au vu des différents signaux de recrudescence et par souci de respect des règles sanitaires actuelles, des nouvelles mesures s’appliquent à Coco Velten :
- Le port du masque devient obligatoire (on veut voir vos plus belles créations à Coco) 
- Les gestes barrières sont indispensables !
- La jauge de fréquentations aux événements va être réduite (donc on vous conseille de venir tôt)

Coco Velten
Le jeudi 1 janvier 1970
Entrée libre. Réservation fortement conseillée au 04 91 90 08 55 ou à resa.popphilo@gmail.com
www.semainedelapopphilosophie.fr
16 rue Bernard du Bois
13001 Marseille