Prix littéraire du Barreau de Marseille

Remise du prx à Abel Coste pour son roman Le Voyant d'Étampes (éd. de l'Observatoire), en présence de Stéphane Coste (lauréate 2021 et présidente du jury)

Avec Abel Quentin, lauréat 2022 et Stéphanie Coste, lauréate 2021.
Remise du prix et entretien animés par Nicolas Lafitte.

 

Pour sa troisième édition, le jury du Prix littéraire du Barreau de Marseille, composé de huit avocats et présidé cette année par Stéphanie Coste (lauréate du prix l’an dernier), a choisi Abel Quentin pour son roman Le Voyant d’Étampes, paru aux éditions de l’Observatoire. Tous deux seront présents pour une rencontre au conservatoire.

En couronnant Abel Quentin, les avocats ont été sensibles à un texte qui interroge sur la tolérance, la liberté d’expression et les valeurs républicaines, notions qui sont au coeur de leur profession. Le jury a souligné « la subtilité de l’histoire, teintée d’un humour parfois acide, fidèle à la pensée de Camus qui consiste à empêcher que le monde se défasse et invite à croire au courage de la nuance.»

Depuis 2020, Oh les beaux jours !, à l’appel du Barreau de Marseille, organise ce prix littéraire qui récompense un livre dont le sujet est en lien avec les préoccupations éthiques ou professionnelles des avocats.
Drame familial et infanticide, luttes ouvrières sur fond de pollution à l’amiante, compétition et injonctions de la société aux effets délétères, plongée littéraire dans l’énigme d’un athlète de renom devenu cambrioleur, violence des réseaux sociaux et dérives identitaires, effondrement du monde paysan : les six romans sélectionnés en 2022 nous entraînent avec force dans des histoires qui questionnent la société contemporaine.

TNM La Criée
Le mardi 24 mai 2022 à 18h
Entrée libre
http://ohlesbeauxjours.fr/
30 quai de Rive Neuve
13007 Marseille
04 91 54 70 54

Article paru le mercredi 11 mai 2022 dans Ventilo n° 464

Festival Oh les beaux jours !

Lettres capitales

   

Passer la littérature à la râpe du réel ; la frotter à ses pairs, les autres formes artistiques de narration, ou à ses pères, les écrivains et écrivaines qui lui donnent vie et forme… C’est le programme que se donne chaque printemps le festival de littérature Oh les beaux jours !. Cette année, de nouvelles « frictions littéraires » sont à prévoir entre le 24 et le 29 mai. Un corps à corps qui s’annonce passionnant, dans lequel pas moins de quatre-vingt-dix invités se retrouveront pour échanger tout au long des cinquante et un événements prévus au programme.

    Multiforme, le dispositif du festival s’autorise une large arborescence de formats : rencontres, grands entretiens, lectures sur scène, projections, performances, concerts dessinés, lectures musicales, conférences-spectacles, interventions dans l’espace public, séances de signature, ateliers participatifs… Pas de littérature en vase clos. Pas de soliloque de l’écrivain. En faisant varier les points de vue et s’entremêler les arts, l’opération consiste à rendre au champ littéraire toute sa puissance plastique. Artistes et auteurs seront ainsi amenés à mettre en contact leurs œuvres, leurs pratiques et leur rapport au monde. Une programmation foisonnante dont les multiples ramifications s’empareront de cinq lieux de culture emblématiques de la ville : le Mucem, la Criée, le Conservatoire Pierre Barbizet, le Musée d’Histoire de Marseille, et la bibliothèque de l’Alcazar. Côté contenu, le festival s’est doté de huit thématiques ; chacune d’entre elles tentant d’approcher un nœud frictionnel du maillage littéraire contemporain. Or, un coup d’œil à la titrologie suffit pour comprendre que la littérature d’aujourd’hui s’inscrit de plain-pied dans un réel en crise. Nombre d’auteurs évoqueront un monde à la dérive, entre climat déréglé, inégalités sociales, drames familiaux, guerres et illusions perdues… Des sujets graves qui tranchent âprement avec l’optimisme affiché d’une exclamative telle que Oh les beaux jours !. La même dissonance avait été constatée lors de la parution de la pièce éponyme de Beckett, en 1961. Les logorrhées teintées d’angoisses existentielles du personnage de Winnie, sa situation pour le moins inconfortable — sur scène, elle est enlisée jusqu’à la taille, puis jusqu’au cou, sous un monticule de terre —, jurait avec le titre de la pièce. Pourtant, à bien y regarder, la Winnie de Beckett s’acharne bien plus qu’elle ne se lamente : elle se sert d’une parole conative, dont le but est de faire agir, réagir son destinataire. À l’instar de la pièce de Beckett, l’une des thématiques proposées par le festival explore « ce que peut la littérature ». Or, en tant que tentative de saisie du monde par un outillage langagier sophistiqué, on peut imaginer qu’elle ait un véritable pouvoir : celui de transformer le rapport sous lequel on perçoit le réel, et donc, celui de changer l’usage qu’on en fait. Le personnage de Beckett se demande ce qu’elle ferait si les mots « la lâchaient ». La même question se pose pour la littérature. Mais tant que les mots et la mise en mots littéraire subsistent, nous avons encore toutes les raisons de parler des beaux jours.  

Gaëlle Desnos

 

Festival Oh les beaux jours ! : du 24 au 29/05 à Marseille.

Rens. : https://ohlesbeauxjours.fr

Le programme du festival Oh les beaux jours ici