Après notre pérégrination du mois de juin autour de la Méditerranée à la rencontre des poètes d’aujourd’hui, nous avons voulu clore ce cycle d’ateliers et de lectures publiques par un hommage au poète grec Yannis Ritsos. À travers ce choix de deux longs poèmes, Philoctète (1965) et La maison morte (1962), nous souhaitons rendre hommage à un homme qui, malgré toutes les épreuves traversées, n'a jamais cessé d'écrire.
« La guerre, la résistance, la prison, la déportation ne purent venir à bout de ce poète lucide. Pour cette raison et parce qu'il fut peut-être le plus engagé des écrivains de sa génération, Yannis Ritsos tient, dans les lettres grecques, une place à part. Le courage du poète a, toute sa vie, rejoint le courage de l'homme. Plus de trente ans de poésie, plus de trente ans de recherches, d'hymnes, de témoignages, de chroniques, de chants, de dialogues, de cris qui ont accompagné, qui ont cerné de près la vie et l'histoire de la Grèce contemporaine. Ritsos est le poète de la mémoire, mémoire des luttes encore vivantes, mémoire aussi d'un passé plus lointain, presque antique, mais que le verbe du poète sait rendre contemporain. » Jacques Lacarrière
Philoctète, longue méditation sur les prestiges illusoires de la guerre, reprend l'histoire du héros condamné à la réclusion sur une île déserte. Ritsos fait sien le destin du héros de Sophocle avec lequel il partagea les épreuves de l’exil ; lui qui connut, après l’emprisonnement, quatre années de déportation sur les îles de Makronissos et d'Aï Stratis.
La Maison morte, monologue d'une vieille fille dans sa maison solitaire d'Argos, reprend l'histoire des Atrides, revécue par l'imagination enfiévrée de l'héroïne. On y devine le souvenir de la maison natale du poète à Monemvasia dans le sud du Péloponnèse, dont la nostalgie autant que les images persistantes d’une enfance difficile, hante l’œuvre.
Un cri d'homme, une odeur de femme, une tenture déployée dans le vent, un arbre que l'on abat dans la forêt voisine rendent, à travers l'épaisseur du temps, les hommes complices des mêmes labeurs, des mêmes rêves, des mêmes désillusions comme si aujourd'hui encore cet arbre continuait de s'abattre, cette odeur de remplir les couloirs d'une vieille maison, et ces hommes, malgré leurs allures antiques, de partir pour un combat présent.
Une proposition de Grégoire Ingold avec la collaboration de Séréna Tallarico et Shadi Fathi.
Lectures publiques les samedis 10 et 17 septembre à 17h30, cour de la Commande (fort Saint-Jean)
Ateliers du 6 au 10 septembre et du 13 au 17 septembre de 10h à 18h.
Cet été au Mucem, on ouvre le Livre de Kalila et Dimna, on lit les poètes de la Méditerranée, on donne de la voix et on danse, c’est La Madrasa d’été !
Dans la langue arabe, le terme madrasa désigne une école, qu’elle soit laïque ou religieuse, quelle que soit sa confession.
Notre Madrasa est un espace de pratiques artistiques dans l’usage de la fable, du poème, du chant et de la danse. Notre inspiration se veut tournée vers les cultures du sud et de l’est du bassin méditerranéen ; c’est cette géographie littéraire et imaginaire que le titre souligne.
Ce week-end, les participants de l'atelier La Madrasa d'été donnent de la voix, pour convoquer Les Poètes de la Méditerranée.