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Mediavivant - À la poursuite du maquis des "Imprudents"

Enquête sur scène sur un résistant inconnu, proposée par Olivier Bertrand, mise en scène par Nancy Robert

Une enquête ne se termine pas. Les révélations se poursuivent. L’ouvrage Les Imprudents (2019), découvre l’identité d’un résistant inconnu et l’épopée tragique de son maquis. À sa publication, tout un village découvre l’histoire, des lecteurs apportent d’autres informations et des gardiens d’une mémoire idéalisée de la Résistance protestent. De nouvelles vies sont bousculées. Une enquête sur scène d’Olivier Bertrand.

Le 3 mars 1944 au matin, tous les habitants d’un hameau ardéchois sont fusillés parce qu’ils ont caché des résistants. Dans ce hameau-là il y avait 15 habitants, mais 16 corps sont retrouvés. Cet inconnu a été enterré avec les autres, avant qu’une chape de silence ne se pose sur cette histoire et ce garçon.

Près de soixante-quinze ans après, Olivier Bertrand se lance dans une sorte de road-trip historique, collecte dans les villages témoignages et documents, photos et dessins de l’époque, pour essayer de retrouver l’identité de l’inconnu. Il découvre alors l’histoire d’un maquis singulier, itinérant, voyant, téméraire et imprudent. Un maquis à la fin tragique. Il s’appelait Bir-Hakeim.

Le récit de cette histoire particulière dans son livre les Imprudents (Seuil) provoque une forte émotion dans le village. Un accueil d’abord méfiant, puis le silence craque, les habitants se livrent, une cérémonie se tient pour rendre son nom à l’inconnu.

La sortie du livre se traduit ensuite par une série de révélations avec l’apparition de nouveaux documents et photos. L’ouvrage vient aussi heurter à sa sortie une vision idéalisée de la Résistance. En fouillant ses zones grises, il provoque colère et parfois violence des gardiens d’une mémoire qui voulait recoudre le roman national.

Par cette enquête sur scène, Olivier Bertrand ne nous raconte pas seulement la suite des Imprudents. C’est une nouvelle histoire où les protagonistes déjà connus mêlent leurs voix à de nouveaux personnages. Elle nous interroge sur notre accueil des révélations, de notre réception de ce que nous ne savons pas ou ne voulons pas savoir.

Chaque mois, les articles de Mediavivant se donnent sur scène, de vive voix : le journaliste raconte son article autour d’un verre, sans filtre ni censure, et les témoins clés de l’enquête sont invité(e)s à s’exprimer face au public.

Une enquête sur scène proposée par : Olivier Bertrand

Mise en scène : Nancy Robert

 

La Fabulerie
Le mercredi 8 mars 2023 à 19h30
Prix libre (à partir de 1 €)
https://www.mediavivant.fr/resistance-et-travail-de-memoire-a-la-poursuite-du-maquis-des-imprudents
10 boulevard Garibaldi
13001 Marseille
04 86 97 19 88
06 13 06 88 52

Article paru le mercredi 9 novembre 2022 dans Ventilo n° 472

C’est arrivé près de chez vous | Mediavivant

Papiers mâchés

   

« À Marseille, les journalistes racontent l’actualité sur scène autour d’un verre, sans filtre ni censure ». Derrière cette séduisante formule, Mediavivant. Décryptage de ce média qui vient de naître.

    Indépendant depuis près de quinze ans, journaliste à Mediapart et Society, spécialiste de l’Amérique Latine, Jean-Baptiste Mouttet a décidé de raconter l’actualité autrement à travers Mediavivant. « J’ai fait deux constats : les gens ne se sentent pas toujours légitimes de s’impliquer dans l’actu, de lire ou de commenter, et d’expérience, j’ai remarqué qu’il était parfois plus aisé de faire partager des idées en conférence que via un écrit. » Partager et démystifier le rôle du journaliste, voici l’un des objectifs phares de ce nouveau média. « Une des ambitions est aussi de s’adresser aux personnes les plus éloignées de l’information. » C’est donc bien là, la cible visée par les journalistes de Mediavivant. Alors, concrètement, ça donne quoi ? L’idée est simple : un sujet mensuel, abordé sur scène, dans un lieu accessible à tous : une MJC, une salle des fêtes, à la Fabulerie (au mois de décembre), etc. « L’idée, c’est que chacun se sente libre de venir », précise Jean-Baptiste. Libre est d’ailleurs le montant de l’entrée, et le financement prévoit de se faire via des dons. « On a dans l’équipe des retours d’expérience d’autres médias fonctionnant sur abonnement, Marsactu par exemple. » Mais, pour toucher la double cible, à la fois des personnes se méfiant de l’actu, et celles peu ou pas informées, ce sont les dons qui ont été choisis, en vue de garantir une valeur portée haut par l’association : l’indépendance. Les témoins viendront faire leurs déclarations directement sur scène, rendant l’article vivant. « La star, c’est l’info, pas le journaliste. » Les représentations mensuelles prévoient d’être filmées et seront ensuite retransmises sur le site de Mediavivant, enrichies d’un écrit. « Dans l’association que nous avons créée, deux comédiennes travaillent avec les journalistes, pour les préparer à la scène ; c’est pas mal de boulot que cette mise en scène ! » De fait, l’actu ne peut être chaude, mais tiède, voire froide. La soirée de lancement sera ainsi consacrée à « Marioupol, la ville martyre racontée par ses habitants », faisant le portrait de ce port industriel ukrainien, aujourd’hui vidé de trois quarts de ses habitants. Cette soirée exceptionnelle sera suivie du débat sur le thème « Comment renouer le lien entre le journalisme et la société ? », avec Edwy Plenel (Mediapart), Lisa Castelly (Marsactu) et Yann Stéphant, directeur de l’association Urban Prod, qui travaille l’insertion par le numérique. Le credo de Mediavivant ? Être « accessible, pédagogique et indépendant ». En termes de proximité, Mediavivant envisage d’ailleurs de mener des ateliers d’éducation aux médias dans les quartiers et dans les centres de détention, en lien avec Urban Prod. Aujourd’hui, le groupe noyau de Mediavivant se constitue d’environ cinq personnes, alors qu’une soixantaine d’autres œuvrent en plus pour que ce lancement se passe pour le mieux. Le numéro zéro a déjà été publié sur le site, avec un article vivant de Jean-Baptiste Mouttet lui-même, reprenant une enquête menée pour Mediapart sur le thème « Marseille 1943, autopsie d’un crime contre les quartiers populaires ». Optimiste ? Jean-Baptiste Mouttet admet attendre de voir comment se déroule le plongeon dans le grand bain, et ne perd pas de vue sa cible, la raison première de la création de ce journal si singulier.  

Charlotte Lazarewicz

   

Soirée de lancement de Mediavivant, le 17/11 aux Grandes Tables de la Friche (Friche La Belle de Mai, 41 rue Jobin, 3e).

Rens. : www.lafriche.org

Pour en (sa)voir plus : www.mediavivant.fr