Camille Fallet - Grass Grows

Discussion avec Brice Matthieussent et David Benassayag autour du livre photo édité par le Point du Jour.

Glasgow est une des métropoles où s’est bâti le capitalisme depuis la fin du XVIIIe siècle. Son architecture ancienne célèbre la puissance économique et la volonté de conquête de la Grande-Bretagne industrielle. Au cours des années 1970-1980, la ville a connu un véritable effondrement dont l’espace urbain porte les traces. Pour Camille Fallet, elle fut le décor d’un imaginaire artistique habité par le travail de Walker Evans sur l’architecture victorienne aux États-Unis. Le livre s’ouvre par des cartes postales de Glasgow et des portraits des ses habitants au début du XXe siècle, collectionnés par Camille Fallet. La partie centrale est constituée de séquences de photographies, accompagnées de légendes développées, qui forment tantôt des parcours urbains tantôt des ensembles typologiques. Le livre se conclut par un texte de Mark Sadler, artiste et écrivain né à Glasgow, qui raconte les quartiers liés à son histoire familliale.

 

« La plupart des choses que j’ai photographiées ne possèdent pas vraiment la qualité d’un patrimoine. Elles sont ici idéalisées au point de devenir les motifs constitutifs de Glasgow ; les légendes en font les emblèmes d’une histoire. Le récit va du centre à la périphérie de la ville, et s’apparente davantage à une divagation qu’à une visite guidée. Cette ville au passé fastueux, qui s’est écroulée et que l’on dit aujourd’hui renaître, aura surtout été la projection de ma propre mélancolie. Le désastre produit par le capitalisme mondialisé est un spectacle effroyable qui m’hypnotise, et c’est à Glasgow, au cœur de ses ruines industrielles, que j’ai finalement choisi de regarder l’herbe pousser. »

— Camille Fallet.

 

Diplômé de l’École supérieure des beaux-arts de Nantes et du Royal College of Art à Londres, Camille Fallet enseigne à l’École supérieure d’art et de design des Pyrénées à Tarbes. Il a exposé aux Rencontres de la photographie d’Arles (2019) et à la Biennale für aktuelle Fotografie à la Kunsthalle de Mannheim (2020). Son travail sur Glasgow a fait l’objet d’une exposition au Centre photographique Marseille, dans la cadre de Photo Marseille 2021, dont il était l’invité d’honneur. Camille Fallet a codirigé Notes sur l’asphalte, une Amérique mobile et précaire, 1950-1990 (Hazan, 2017), catalogue de l’exposition dont il fut commissaire au Pavillon Populaire de Montpellier.

Zoème
Le jeudi 24 novembre 2022 à 18h30
Entrée libre
http://www.photo-marseille.com/
8 rue Vian
13006 Marseille
06 14 59 50 34

Article paru le jeudi 1 juillet 2021 dans Ventilo n° 449

Camille Fallet - For Whom The Bell Tolls (Go) au Centre Photographique Marseille

Jeu de piste

 

Initialement prévue pour être dévoilée en novembre 2020, portée par le festival Photo Marseille, l’exposition For Whom The Bell Tolls (Go) se penche sur la ville de Glasgow depuis le Centre Photographique Marseille. Elle sera visible tout l’été, englobée dans le Grand Arles Express des Rencontres d'Arles.

    Glasgow, capitale de l’Écosse à la scène musicale féconde, de Franz Ferdinand à Simple Minds en passant par Mogwai, était avant tout un port qui produisait et exportait des locomotives et du textile. Il s’enrichit avec la construction navale et le commerce du tabac durant la révolution industrielle. L’architecture de style victorien fait office de marqueur de prospérité pour ce qui est alors la deuxième ville de l’Empire britannique. Depuis, elle a subi à peut près le même déclassement que les autres ports britanniques. La chute de l’empire puis la grande récession auront raison de son statut. Désormais, elle s’est remodelée, a transformé ses friches, créé des évènements culturels (Capitale européenne de la Culture en 1990), mise sur le tourisme et le tertiaire. Camille Fallet piste les traces de cette période fastueuse, puis immortalise ces indices à l’aide d’une chambre photographique. Mis en exergue, ces vestiges — une barrière, une corniche — égarés dans notre monde contemporains entre déchéance et réappropriation, racontent l’histoire. Camille Fallet travaille à l’échelle micro pour traiter un sujet macro et, tel un archéologue, exhume ce passé pour mieux raconter le présent. Ce présent qui s’invite comme ces quelques âmes errantes parcourant les images de façons impromptues, perdues dans cette ville en mutation. Comment ne pas ressentir un parallèle avec Marseille, qui sous d’autres latitudes, a vécu le même déclassement et applique les mêmes remèdes ? Sauf que d’ère victorienne, il n’y a point eu.  

Damien Bœuf

   

Camille Fallet - For Whom The Bell Tolls (Go) : jusqu’au 25/09 au Centre Photographique Marseille (74 rue de la Joliette, 2e).

Rens. : https://www.centrephotomarseille.fr/

Retrouvez également Camille Fallet avec The Breaking Point jusqu’au 18/09 à la Galerie Zoème (8 Rue Vian, 6e).

Rens. : https://zoeme.net/

Pour en (sa)voir plus : http://www.camillefallet.com/