Fatima Daas

Sortie de résidence : rencontre et lecture avec l'autrice

Entre novembre et février 2023, Peuple et culture accueille Fatima Daas à Marseille pour 8 semaines de résidence.
Une partie de son temps est consacré à ses projets personnels et l'écriture de son prochain roman. Mais elle passe aussi beaucoup de temps à rencontrer des jeunes et moins jeunes personnes à Marseille, autour de longues discussions, des temps d'écritures et de riches échanges entre les participant·es.

Ainsi s'est-elle rendue dans deux lycées marseillais - les lycées Victor Hugo et Saint Exupéry - pour aborder avec les élèves les places qu'on occupe et celles que l'on nous assigne, celles d'enfant de, d'élèves, de jeunes marseillais·es… Avec deux groupes d'adultes, elle a proposé deux cycles d'ateliers d'écriture, le premier groupe s'est attaché à décortiquer une scène vécue dans un train du point de vue de plusieurs personnages qui y assistent. Dans le second groupe, les participantes ont exploré les liens de sororité, existants ou à créer.

Pour clôturer cette résidence, nous avons proposé à Fatima Daas d'inviter l'ensemble des participant·es à partager une scène avec elle, pour une soirée de lectures et d'écoutes.

L'occasion de découvrir les textes écrits pendant et entre les ateliers, et de partager un moment convivial avec Fatima Daas avant son départ.

 

Coco Velten
Le jeudi 9 février 2023 à 18h30
Entrée libre
https://www.facebook.com/cocovelten/
16 rue Bernard du Bois
13001 Marseille

Article paru le mercredi 8 fvrier 2023 dans Ventilo n° 476

Fatima Daas en résidence

L’entretien Fatima Daas

 

En résidence à Marseille depuis novembre dernier chez l’association Peuple et Culture Marseille, Fatima Daas est l’autrice sous pseudonyme de La Petite Dernière, premier roman d’autofiction multi-primé, paru en 2020. Avec autant de franc-parler qu’elle écrit, elle a un phrasé qui tient un rythme tantôt emporté tantôt elliptique, et une tonalité d’une densité toujours solide et indépendante. Entretien, la veille d’une rencontre à Coco Velten, la dernière de sa résidence.

    Tu es actuellement en résidence chez Peuple et Culture Marseille. Comment ça se passe ? Trop bien. C’est bientôt la fin, il me reste une semaine. J’ai fait une première rencontre pour ouvrir la résidence avec un public, en novembre, et des ateliers d’écriture. Depuis, j’ai rencontré quatre groupes différents, deux groupes de lycéen·nes, au Lycée Victor Hugo et au Lycée Saint-Exupéry, et deux groupes « d’adultes ». Avec chaque groupe, c’est assez différent parce que les exercices que je leur donne ne sont pas les mêmes, et franchement, c’est hyper intense pour moi. Intense parce que c’est la première fois depuis deux ans que je me pose pour vraiment faire des trucs avec les gens, concrètement. J’avais déjà fait des ateliers d’écriture à Marseille en one shot, et j’avais trouvé ça trop bien, mais là il y a un suivi, je vois chaque groupe plusieurs fois, par séances de deux, trois heures (pour les lycéen·nes). Il y a un truc qui s’installe, un truc qui pourrait durer comme un an, parce qu’aussi je me sens super bien à Marseille. Ça me fait du bien, c’est fluide avec les gens, et j’ai trouvé impressionnants les textes qui ont été écrits, les discussions qu’on a pu avoir dans les groupes, le fait que les gens soient attentif·ves les un·es aux autres… J’ai trop hâte de la soirée de clôture, même si ça va aussi être la « clôture », donc la fin.   C’est plutôt une résidence pour des ateliers ; est-ce aussi pour ton écriture ? En gros, j’ai une semaine de libre, pour moi, pour écrire, et une semaine pour les interventions. Ça m’a aidée à revenir à mon texte de manière différente de mon quotidien, quand je suis à Paris. Même si je n’ai pas écrit tant que ça, j’ai réglé ce qui me bloquait le plus ; mon texte est là : je vais le finir. Et parce que je travaille sur l’école (de la primaire au lycée), d’être avec des lycéen·nes, il y a un truc qui se passe. Je me rends compte de ce qu’il y a encore chez les ados : des dettes d’enfances, envers les parents immigrés, des trucs comme ça. Aussi, il y a une conscience plus forte par rapport à ma génération, quand j’étais au collège il y a dix ans : maintenant on pose les mots, on n’a pas peur des mots. Le racisme par exemple. Au collège, on ne disait pas « Ah ce prof, il est raciste » ; alors que là, ils posent des mots sur ce qui se passe, sur ce qu’ils ressentent. Et en même temps, je remarque aussi qu’il y a quand même une méfiance sur le fait d’être victime de racisme. Je t’explique : au départ de l’atelier, on avait plein de discussions, donc on parlait de racisme, d’islamophobie, de la différence entre un lycée public, un lycée privé, les quartiers Nord… et tout le monde était hyper à l’aise. Mais après, je leur ai dit  « Allez, je vous lance sur un exercice : racontez un moment où vous vous êtes senti·es discriminé·es, ou pas à votre place, peu importe la raison. » Et là, tout le monde était en mode « Bah, moi je vois pas, ça m’est jamais arrivé… » C’était hyper intéressant. Parce qu’il y a à la fois, une conscience de tout ça et à la fois, comme c’est intime et personnel d’écrire à propos d’une situation qui a pu les mettre mal, c’est plus difficile. Et je comprends. Ça, ça me nourrit vachement.   Peux-tu en dire un peu plus sur ton ou tes projets d’écriture en ce moment ? C’est difficile. C’est un roman, à la troisième personne (pour l’instant), sur comment l’école agit sur le·a personnage principal·e. Ça raconte aussi sa vie de famille, son rapport à sa mère, son rapport aux amitiés. C’est des trucs qu’on retrouve dans mon premier livre.   J’allais te demander si on y retrouverait un fil rouge : alors, c’est oui. Ce sont des obsessions. J’ai les mêmes obsessions parce que j’ai encore envie de parler de l’enfance, de l’adolescence et de l’école, et qu’il y a un truc que j’ai pas posé dans le premier qui est revenu et m’a un peu pété à la gueule. La troisième personne m’aide à aller dans cet endroit-là. Je n’ai pas de mal à parler de moi parce que c’est comme ça que j’écris, et en même temps, c’est quand même vraiment autre chose que pour le premier. Il y avait quelque chose que j’avais envie de porter, dont j’avais envie de parler publiquement, même si c’était pas une histoire autobiographique : du fait d’être lesbienne et musulmane. Et là, c’est que l’école est un matériau incroyable : je trouve que les profs sont protégé·es sur plein de trucs et qu’on ne parle pas au sein de l’école de racisme « ordinaire »… C’est quoi être un mauvais élève ? C’est quoi se mettre à bosser ? Et qu’est ce qui fait qu’à un moment tu te dis « Ok, faut que je bosse » ? Pourquoi, qui t’amène à ça… ? Et je veux parler aussi de tous les rapports de pouvoir à l’école, de la méritocratie.   Des thèmes que tu n’as pas abordés dans ton premier roman vont-ils apparaître ? Pas vraiment. J’ai l’impression qu’il y aura pas mal de questions de genre, que j’ai déjà abordées ; pas de manière intime à un personnage, mais plus dans le regard des autres, de la famille ou des gens extérieurs qui ont envie de te caser dans un truc de mec, de meuf, ou de pas trop d’un mec, pas trop d’une meuf. Là c’est différent, j’ai envie de creuser le rapport au corps, le truc hyper essentialisant de quand tu as tes règles… Ce que je fais là, c’est vraiment un roman de souvenirs, pas forcément les miens, mais où un souvenir en appelle un autre, où on ne sait pas bien qui est cette narratrice, ce narrateur, de où il se situe quand il raconte. Est-ce que c’est vraiment une troisième personne qui observe tout ça, ou est-ce que c’est ce personnage-là, et à quel moment il raconte cette histoire ?   As-tu prévu une date de publication ? Non, pas de date de publication, pas de date de fin, mais je dirais que ça serait plus autour de septembre 2024, parce que c’est déjà trop tard pour septembre prochain. Je ne suis pas encore dans la relecture et l’impression, j’ai envie de faire les choses bien, et je n’ai pas cette envie de publier rapidement, chaque année ou tous les deux ans. Si un jour j’ai besoin d’être dans la performance d’écriture, je le ferai mais là, c’est pas encore mon rapport à ça.   En attendant, tu arrives à vivre de tes ateliers, des résidences d’écritures ? Oui, j’ai beaucoup travaillé pendant deux ans, j’ai fait beaucoup de festivals, des résidences, mais avec uniquement du temps pour des ateliers (et non pour écrire) : j’en ai fait trois ou quatre en deux ans… Voilà, j’ai cette chance d’avoir pu arrêter de taffer à côté. L’année prochaine, je pense refaire une résidence qui ne sera pas hyper dense, et qui me laissera du temps pour écrire et me permettra en même temps d’avoir un revenu basique.   Tu as dit dans une interview : « C’est par la honte que je suis entrée en littérature. » Tu as aussi dit à un autre moment que tu ne crois pas à « l’écriture salvatrice, l’écriture qui solutionne », donc on comprend que tu n’écris pas pour conjurer cette honte. Est-ce que c’est toujours la honte qui te maintient en littérature, ou c’est autre chose ? C’est toujours un peu ça. Je pense que c’est ça qui me fait écrire. Mais je n’ai pas le même rapport avec la honte aujourd’hui qu’avec celle de quand j’étais ado, ou il y a cinq ans. Bien que, je te dis un truc tout con : le « bien parler », le « bien faire », le « bien répondre », je m’en bat les couilles, aujourd’hui. Mais ça ne veut pas dire que la honte n’est pas là, quelque part. Il y a plein de trucs qui me font écrire : il y a la colère, mais ce n’est pas une colère que je vais retranscrire comme je la vis, elle se transforme en écrivant ; ou le fait de pas dire, ou de pas avoir dit, le fait qu’on bloque ma parole, le fait qu’on ne veuille pas entendre, le fait qu’on veuille pas rétablir quelque chose… Ça, c’est physique : je ne peux pas faire autrement que d’écrire. Quand je suis ou que je me sens bloquée avec un évènement, j’écris, non pas pour trouver la solution, mais justement j’écris parce qu’il faut que je parle de ce blocage-là.   Donc, pour toi, la honte sera toujours présente, on ne peut pas s’en libérer ? Je ne pense pas. Il y a des gens qui peuvent, et qui l’affirment. Moi, mon rapport à l’écriture ne se situe pas du tout là. Je ne suis pas sortie de la honte en écrivant La Petite Dernière. Mais ça fait en faire quelque chose, de cette honte, de cette colère, pour éviter que tu te sentes envahie, et que tu restes seulement avec ça, ce sentiment de honte, d’injustice, ou c’est invivable. Ces trucs sont si présents dans tout, dans notre société, dans nos vies, dans nos rapports, qu’on s’en débarrasse pas comme ça. Ça revient, et quand tu crois que c’est classé, en fait ce n’est pas classé. Par rapport à ça justement, j’avais demandé aux lycéen·nes d’écrire un exercice pour raconter le moment de leur réveil à leur arrivée au lycée. Les gamins répondaient « Normal… moi je fais mes ablutions, je prie et tout », mais moi, à leur âge, à l’école, jamais de la vie j’aurais dit ça ! Le mot « dieu », jamais je ne l’aurais sorti ! Pour moi, c’est hyper fort, parce que quand tu grandis dans la honte de ta religion, de ta famille, de la langue de tes parents, de ton corps, de tout, tu vois ça maintenant et tu te dis « C’est ça, tu l’as la réparation » : ce n’est pas de toi qui écris, mais c’est de voir comment ça prend autrement, chez d’autres. Il y a des choses qui sont plus intolérables maintenant, il y a des mots, il y a d’autres outils, ça joue ; et en même temps, ce n’est pas non plus réglé. C’est juste que les gens se démerdent différemment de ma génération qui avait cette discrétion de qui on est vraiment, de la langue de nos parents, de notre langue…   Il semble qu’il y a dans La Petite Dernière une réflexion — bien qu’autofictionnelle — sur ce qu’on appelle les transfuges de classe. Maintenant que tu es vraiment connue et reconnue, que ta voix est plus portée, sans doute plus écoutée, si ce n’est plus entendue, comment vis-tu cette réflexion-là ? Je m’identifie pas comme « transfuge de classe » pour plein de raisons. Évidemment que dans mon roman on le lit comme ça, et il y a de ça : de venir de quartiers populaires, de continuer à faire des études après le lycée, de partir à la fac à Paris, de remarquer les comportements parisiens, de ne pas se sentir chez soi… etc., mais ça, c’est la question du roman, à tous les niveaux. Je n’ai pas été la première de ma famille à faire des études. Il y a aussi les représentations des transfuges de classes que nous avons : des choix de vie des gens, de comment ils ou elles le revendiquent, ce « transclasse »... Mon père est analphabète, ma mère s’est arrêtée au collège-lycée en Algérie, mais en tout cas elle parle français, elle écrit le français, et mes trois grandes sœurs ont fait des études supérieures. On parle beaucoup avec mes sœurs, et je pense que c’est différent quand tu es le premier d’une famille « à faire, alors que ».               « Pour moi, l’écriture c’est tellement naturel que je ne l’ai jamais liée ni à l’école, ni à la réussite. »   Parce que dans « transfuge », on entend qu’il y a une forme de trahison d’où tu viens… Évidemment, je sais que j’ai galéré, mais je n’ai pas envie d’arriver avec un discours de « J’ai galéré, j’ai réussi parce que je me suis donnée les moyens, parce que j’ai voulu avoir l’école ». Pour moi, l’écriture c’est tellement naturel que je ne l’ai jamais liée ni à l’école, ni à la réussite. Et c’est vraiment ce qui m’a permis, justement, de faire ce que je voulais faire. Tous les trucs de grandes écoles, de Sciences Po, de prépa, où on m’a poussée à aller, je ne les ai finalement pas faites, je n’y suis pas allée, et j’ai écrit. Et c’est ça, ma force : ce n’est pas tant d’avoir publié, que mon livre soit reconnu ou qu’on m’écoute. Mon sentiment, c’est que je vois bien dans le regard des gens de l’exotisme, ou alors on est obsédé par le fait que je sois lesbienne et musulmane, soit on me parle de mes croyances… Non, on ne m’écoute pas vraiment, je ne suis pas reconnue en France en tant qu’autrice, même si les gens me disent que j’abuse un peu : « Ton livre est publié, lu, vendu, il y a une adaptation au cinéma, il est traduit ! » Mais ça, vous voulez que je vous dise quoi, merci ? Ça ne me fait pas me dire « Je suis maintenant dans un autre milieu ». J’ai l’impression de ne pas être acceptée dans ce milieu-là, et de ne pas vouloir être acceptée d’ailleurs, parce qu’il n’y a rien qui me va : je me sens pas bien, gênée, j’ai pas envie de passer du temps dans les soirées mondaines, etc. Je veux des trucs simples, je suis simple, et j’ai envie de garder ça. Dans « transfuge », il y aussi « trahison », tu as raison. Il y a une trahison d’où tu viens, et dans les deux sens. Je dois tout à ma mère mais je dois rien à rien, finalement… Je sais où j’ai grandi, je sais que défendrai toujours ce qui se passe dans les quartiers populaires, de par mon expérience. Ce qu’on raconte, c’est faux. Les gens aiment trop me dire « Mais du coup, en tant que lesbienne, comment c’était ? » : désolée, je n’ai pas d’histoire choquante à raconter. Je peux dire que d’autres l’ont mal vécu, mais ce n’est pas propre aux quartiers populaires. Évidemment, aujourd’hui, c’est tellement facile de taper là où il faut. Et en même temps, je ne me sens pas piégée par une fidélité que je devrais avoir envers là d’où je viens, ni envers là où je suis maintenant. Je ne saurais pas expliquer comment. Je pense que c’est mon lien à l’écriture qui fait ça.   La réalisatrice (et actrice) Hafsia Herzi, pour son quatrième long métrage, va adapter La Petite Dernière. Vas-tu y participer ? Non, je ne travaille pas à l’adaptation. Je suis en lien bien sûr avec la réalisatrice, je fais des retours quand elle a envie de m’en parler, quand elle a envie que je dise mon avis, mais j’ai suffisamment confiance en elle et en son travail. J’ai eu la chance de pouvoir la choisir, donc une fois que tu as choisi quelqu’un, faut faire confiance. Et ça me va, ce n’est pas mon taf, et je ne veux surtout pas retravailler sur un texte que j’ai écrit, autrement que ce qu’il existe. J’ai envie de le laisser partir.   Ça serait quoi, le livre idéal selon toi ? C’est difficile… Je pense que c’est un livre sincère. J’aime que ça soit bien écrit, mais pas au sens de bien écrire la phrase parfaite, c’est plutôt que j’aime être embarquée dans un langage. J’aime voir les personnages, les scènes, j’aime y être, un peu comme au cinéma, où tu vis l’histoire en même temps que les personnages, que c’est un livre qui te reste après, que c’est un livre qui te donne envie d’écrire après : je pense que les bons livres, c’est ça. Un livre qui se la pète pas — c’est exigeant, je sais —, un livre qui te marque, et t’y penses, et t’y penses après, et t’y reviens et tu le relis, et tu retrouves autre chose, ça j’aime beaucoup, et avec une liberté dans l’écriture aussi. C’est à la fois ce que j’aime lire et à la fois ce que j’essaie de trouver dans mon écriture. Aussi, que je rigole un peu, que ça ne soit pas juste un truc tragique qui me met mal deux cents ans… mais qui arrive à me tenir. Qui m’envoie un truc un peu powerfull, et en même temps, de la nostalgie.   Tu vas participer à une rencontre à Coco Velten le 9 février. Il est annoncé qu’il y aura des lectures. Quels textes vont être lus ? Pour l’instant, ce qui est sûr, c’est que ce sont les participant·es aux ateliers qui seront sur scène, et qui vont lire des textes, soit des textes qu’ils et elles ont écrit, soit des textes chorals, surtout pour les lycéen·nes, parce qu’on a mélangé les textes. Il y aura aussi peut-être des enregistrements, qu’on diffusera entre les lectures. Et pour l’instant, je ne sais pas trop si je vais lire un extrait de ce que j’écris en ce moment, je sais pas comment je me sens avec ça, mais en tout cas, je vais parler de cette résidence, de chaque groupe, de ce qu’il s’est passé, fluidement, et rapidement.  

Propos recueillis par Margot Dewavrin

 

Rencontre, lectures et sortie de résidence de Fatima Daas : le 9/02 à Coco Velten (16 rue Bernard du Bois, Marseille 1er).

Rens. : www.peuple-culture-marseille.org / www.cocovelten.org