Pierre Parlant - Sur des choses qui se suivent et ne s'ensuivent pas

Peut-être n'est-il jamais question que de cela en écrivant, de ce geste qui s'emploie à lier, relier, associer, enchaîner, faire tenir. Au nom de quoi ? Tout bonnement d'un sens qu'il s'agit tantôt de produire, tantôt de mettre au jour ou de prolonger. Un sens, autrement dit, sans solution de continuité, une orientation et une signification. Il faut alors que les choses, les mots, les phrases, les constructions, non seulement se suivent — ce qu'elles font nécessairement —, mais parviennent réellement à s'ensuivre, faute de quoi on risque de ne rien comprendre.
Reste à savoir si ce qu'on nomme poésieobéit à ce type d'injonction. On imagine la réponse, on se doute aussi qu'elle ne va pas de soi.
Un œil rétrospectif sur mon travail me conduit en tout cas à dire que c'est bel et bien cette affaire qui m'intéresse, celle de la logique du poème. Une logique particulière, qui prend au sérieux le jeu, les usages et les règles de la syntaxe et, simultanément, assume en connaissance de cause que les choses ne s'ensuivent pas forcément. D'où la question qui m'occupera au cours de ce « solo » : certes, mais comment et pour quoi faire ?

— Pierre Parlant

L’enjeu des «  Solos » est de promouvoir une œuvre contemporaine en invitant son auteur·e à produire un parcours rétrospectif et réflexif à travers ses livres – ou, plus généralement, à travers ses pratiques poétiques –, articulant temps de lecture, commentaires, échanges avec le public. Ils peuvent prendre diverses formes — de la lecture à la performance, de la conférence à la discussion, en fonction de la spécificité du travail et des aspirations des invité⸱e⸱s. Enregistrés et filmés, depuis leur création en 2019, progressivement éditorialisés et mis en ligne, les Solos constituent une série très originales et une collection d’archives de grande valeur au sujet des pratiques actuelles de la poésie. Depuis 2023, ce protocole peut être augmenté jusqu'à prendre la forme d'une micro-résidence au cours de laquelle ont lieu, en plus du Solo « classique »,  un temps pédagogique et un temps de travail à la bibliothèque du Cipm aboutissant à une création originale destinée à être publiée en ligne.