Jean-Louis Giovannoni - Il fait noir au milieu de la viande

Solo poétique

L’œuvre de Jean-Louis Giovannoni interroge depuis ses débuts le rapport entre l’homme et l’animal. Le poète face au cadavre de sa mère l’annonce dès Garder le mort (1975) : « il fait noir au milieu de la viande ». En 1982, un homme se voit découpé en filets par un boucher consciencieux sous les acclamations des clients (La Boucherie) : cette découpe, à la fois charnelle et textuelle, se retrouve dans la forme fragmentaire choisie par l’auteur, et dans de nombreux textes, comme Le Bon morceau (1992), ou L’Élection (1994), où chaque corps devient consommable. Le Journal d’un veau (1996) quant à lui pousse plus loin la question de la pureté d’une viande qui se rêve pure, immaculée, totalitaire. Sans parler de ses écrits sur les chirurgies d’Ambroise Paré. Giovannoni procède à de nouveaux essayages littéraires avec la série « Les Moches » (2010-2017) qui le conduira dans Sous le seuil (2016) à changer sa focale, à considérer hommes, animaux et insectes à la même échelle, dans une écriture grouillante qui interroge sur la place du nuisible dans la société. Dans ces textes, on est à la fois le lecteur et l’animal, l’enfant qui organise des combats mortels en Corse entre scorpions et araignées, l’homme dévoré par les sangsues dans une fosse, le dominant et le dominé, le légitime et l’ennemi. Entre dévoration et prolifération, ce parcours invite à sentir le corps animal qui est en nous, nos représentations de la violence admise, de notre résistance à l’altérité, et de notre acception des parts monstrueuses qui nous habitent. Plus qu’un loup, l’homme est chez Giovannoni un parasite pour l’homme.

 

L’enjeu des «  Solos » est de promouvoir une œuvre contemporaine en invitant son auteur⸱e à produire un parcours rétrospectif et réflexif à travers ses livres – ou, plus généralement, à travers ses pratiques poétiques –, articulant temps de lecture, commentaires, échanges avec le public. Ils peuvent prendre diverses formes — de la lecture à la performance, de la conférence à la discussion, en fonction de la spécificité du travail et des aspirations des invité⸱e⸱s. Enregistrés et filmés, depuis leur création en 2019, progressivement éditorialisés et mis en ligne, les Solos constituent une série très originales et une collection d’archives de grande valeur au sujet des pratiques actuelles de la poésie. Depuis 2023, ce protocole peut être augmenté jusqu'à prendre la forme d'une micro-résidence au cours de laquelle ont lieu, en plus du Solo « classique »,  un temps pédagogique et un temps de travail à la bibliothèque du Cipm aboutissant à une création originale destinée à être publiée en ligne.

cipM - Centre international de Poésie Marseille
Le samedi 20 avril 2024 à 16h
Entrée libre
https://cipmarseille.fr
2 rue de la Charité
Centre de la Vieille Charité
13002 Marseille
04 91 91 26 45