Habitat

Performance chorégraphique et poétique pour 75 corps nus. Chorégraphie : Doris Uhlich. Musique : Dj Kopeinig. Dans le cadre de Plexus Rouge proposé par RedPlexus/Ornic'art

Sur un mode poétique, festif et subversif, Habitat met en scène 75 corps nus qui habitent l’espace et créent des rituels individuels et collectifs. Une ode au corps, à la danse et à la nudité.

Après deux ans de distanciation sociale et gestes barrières, les corps ont besoin de revivre et de se reconnecter pour habiter ensemble le monde.

Afin de sceller ces retrouvailles, RedPlexus invite la création artistique hors norme Habitat de la chorégraphe autrichienne Doris Uhlich : 75 citoyen·n·e·s de Marseille, âgé·e·s de 19 à 70 ans, ont participé à une master-class pendant 5 jours intensifs et se mettent en scène corps nus, pour habiter l’espace et créer des rituels individuels et collectifs, accompagnés par les sons électro de DJ Kopeinig.

Les performeurs et performeuses sont nu.e.s pendant les deux heures de spectacle.

Habitat est présenté dans le cadre de Perform Europe en partenariat avec MAYKTheatre (Bristol,Royaume Uni),Rosendal International Theatre (Nordheim, Norvège) et Something Great (Berlin, Allemagne).

Friche La Belle de Mai
Les 14 et 15 mai : 20h
10/12 €
www.redplexus.org
41 rue Jobin
13003 Marseille
04 95 04 95 95

Article paru le mercredi 25 mai 2022 dans Ventilo n° 465

Habitat à la Friche La Belle de Mai dans le cadre du festival Plexus Rouge

Corps accords

 

Transe collective aux allures de rave party, Habitat de la chorégraphe autrichienne Doris Ulhich a mis à nu soixante-dix participant·es engagé·es corps et âme dans une performance magnétique et vibrante d’humanité.

    Pour la première manifestation de l’année du festival Plexus Rouge nouvelle formule, Red Plexus a frappé fort en invitant Doris Ulhich et sa création participative Habitat. Le temps d’un workshop intensif de cinq jours, soixante-dix participant·es de divers horizons — pour la plupart Marseillais·es, même si certain·es avaient fait le trajet depuis beaucoup plus loin pour prendre part à l’expérience — ont œuvré à se constituer en un chœur mouvant et battant à l’unisson le sol froid et ouvert aux quatre vents de la place des Horizons de la Friche La Belle de Mai. Même prévenu·es, l’entrée solennelle de l’ensemble de ces humains en tenue d’Ève ou d’Adam ne laisse pas de marbre. Pourtant, les quelques réflexes de gêne ou de voyeurisme s’estompent rapidement, laissant s’exprimer la poésie symbolique des corps nus, débarrassée de toute érotisation. Leur chair est une matière organique, mouvante, respirante, ils et elles semblent les atomes d’une même molécule, se combinant parfois pour former un tout homogène, se dissociant à d’autres en révélant leur hétérogénéité. En deux heures de performance, un nombre foisonnant d’images imprègne nos rétines : les sculptures vivantes dessinent au sol une mer humaine au repos, jusqu’à ce qu’un stimulus parti de l’une contamine peu à peu toutes les autres et que les vagues s’agitent jusqu’à bouillonner. Soudainement mu·es par le tempo technoïde impulsé par DJ Kopeinig, les êtres se déchaînent comme autant d’électrons libres. Les moments de repos silencieux des guerrier·es évoquent la bienheureuse innocence des siestes enfantines. Il y a un côté primitif à ce retour à l’état sauvage, à la nature, au plus simple appareil, qui charrie aussi une tendresse palpable, une atmosphère d’amour. Le dispositif, qui permet aux spectateur·rices la libre déambulation et même contagion, ajoute à ce sentiment de communion : tout le monde se voit et se considère, dans nos ressemblances, dans nos disparités. Uniques et semblables, semblables et uniques.  

Barbara Chossis

 

Habitat était présenté les 14 & 15/05 à la Friche La Belle de Mai dans le cadre du festival Plexus Rouge.

Pour en (sa)voir plus : www.redplexus.org