Amour impossible en littérature

Conférence par André Alessandri et Michèle Zablot (professeurs de lettres) autour de La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette et Le Bal du comte d’Orgel de Radiguet. Dans le cadre de l'Université populaire du Pays Salonais

La Princesse de Clèves
Madame de Clèves, jeune beauté parfaite en tout point, fait des débuts remarqués à la cour de la reine dauphine, belle-fille d'Henri II. Pour ce modèle de vertu, l'image de Diane de Poitiers plane tout au long du roman comme le contre-exemple absolu.
Mais sous des dehors innocents, la Princesse de Clèves, par sa faculté à analyser et à maîtriser ses sentiments, fait preuve d'une personnalité étonnante et rarement exposée avec tant de justesse auparavant.
Car, si l'amour courtois trouve ici d'indéniables échos, cet ouvrage paru en 1678, souvent considéré comme le premier roman de la littérature française, est indéniablement un pas énorme vers le roman tel qu'on le connaît aujourd'hui. La galerie de portraits dressée par Madame de Lafayette peut s'avérer un peu rébarbative pour le lecteur moderne, de même que sa langue est un peu austère. Néanmoins, l'analyse psychologique est d'une vraisemblance résolument novatrice et rachète l'invraisemblance de certaines scènes. En outre, l'exploit de faire naître tout un roman d'une intrigue aussi ténue, pratiquement sans action, fait de La Princesse de Clèves un ouvrage d'autant plus pathétique que les personnages laissent peu d'emprise aux événements extérieurs et se condamnent eux-mêmes.

Le Bal du comte d’Orgel
Radiguet avait vingt ans quand il écrivit Le Bal du comte d'Orgel. Le sujet? Impossible de trouver plus conventionnel : le mari, la femme et l'ami de la famille. Mais la convention et la bienséance, ici, couvrent la plus trouble et la plus licencieuse des chastetés. Mme d'Orgel aime son mari qui lui retourne une aimable indifférence, mais qui va commencer de l'aimer "comme s'il avait fallu une convoitise pour lui en apprendre le prix". Et c'est l'amour que François éprouve pour sa femme qui amène le comte d'Orgel à le préférer à tous ses autres amis. À partir de là, les sentiments évoluent, subtils, feutrés, étranges et comme étrangers aux êtres qu'ils habitent." On s'effraie d'un enfant de vingt ans qui publierait un livre qu'on ne peut écrire à cet âge ", dit Cocteau. À quoi Radiguet a répondu d'avance: "L'âge n'est rien... Les plus grands sont ceux qui parviennent à le faire oublier."
François de Séryeuse, jeune homme tranquille et raffiné, fait par hasard la connaissance du comte d'Orgel, mondain à la frivolité grandiose » et de sa femme, Mahaut. Il devient leur ami mais François aime Mahaut. Ayant jusqu'ici mené de front le devoir et l'amour, Mahaut, de son côté, se méprend d'abord sur le sentiment que lui inspire François. Couvé, nourri, grandi dans l'ombre, ce sentiment finit par se faire reconnaître; elle doit s'avouer, non sans effroi, qu'elle aime François...
Dans ce roman d'amour chaste, aussi scabreux que le roman le moins chaste, selon l'auteur lui-même, les coeurs humains sont percés à jour avec une implacable lucidité.

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Maison de la Vie Associative de Salon-de-Provence
Le mercredi 5 juin 2019 à 18h
Entrée libre
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55 rue Marie Ampère
13300 Salon-de-Provence
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