Sara Favriau - Le Brin d'une herbe jaillit à qui la vie déborde

Film et sculptures. Restitution de la résidence de l'artiste proposée par Voyons Voir, art contemporain et territoire

En s’appuyant sur les principes de l’archéologie expérimentale*, Sara Favriau rejoue les gestes des cultures anciennes ou éloignées du monde occidental, pour mettre en application des connaissances artisanales et techniques ancestrales. Le projet Le brin d’une herbe jaillit à qui la vie déborde joue des deux aspects du travail de l’artiste, l’un purement technique et l’autre poétique. Dans la tradition des arts et métiers,* une première phase du travail est dédiée à l’anamnèse des principes ingénieuriaux mis au point par les hommes de la préhistoire (creuser un arbre à l’aide du feu pour en faire une pirogue) ou les habitants de d’Amazonie qui navigue en pirogue parfois à l’aide d’un arbrisseau… Une première étape engage l’artiste dans le travail de construction et de fabrication, qui, dans le cas de la résidence au Parc de la Poudrerie, s’appuie sur l’expertise des équipes du parc. C’est le principe de modelage du bois par combustion que l’artiste expérimente ici, avec l’idée de travailler une grume de pin d’Alep avec le feu. Les gestes de la sculpteure rejouent les gestes des ingénieurs de la préhistoire et ravivent des principes élémentaires : le feu creuse le bois et dessine la forme de l’embarcation tout en lui assurant une imperméabilité, une flottaison et un caractère imputrescible. La pirogue servira, dans un second temps, à traverser le port de Saint Chamas, grâce à l’emprunt d’un arbrisseau d’orme champêtre, déterré pour la traverser puis replanté au sein du parc et rendu à la nature après cette invitation au voyage… De ce projet résulte : une sculpture – embarcation, un film et l’expérience de la traversée partagée avec le public présent lors de la performance du  dimanche 19 mai 2024 au Parc de la Poudrerie avec les performeuses Chloé Favriau, Muriel Bourdeau, Sara Favriau et son assistant Malo Legrand. 

Parc de la Poudrerie
Jusqu'au 25/08 - Lun-mar & jeu-ven 7h-12h + mer 7h-18h + dim 9h-18h
Entrée libre
https://voyonsvoir.org/
1510 Route de Saint-Chamas
13140 Miramas
04 90 58 27 93

Article paru le vendredi 5 juillet 2024 dans Ventilo n° 499

Les “reco” expos de l’été

Minotaure, exposition photographique collective

Où et quand ? Jusqu’au 13/07 à Parade, Tiers-Lieu solidaire (Arles) et à l’Atelier-Galerie Michel Stefanini (Mouriès). Vernissage le 5/07 à Mouriès Pourquoi on y va ? Parce que si on a tous plus ou moins une image de cette figure mythologique, mi-homme, mi-bête, il est intéressant de découvrir comment les sept artistes sollicités par Philippe Litzler —Joël Bardeau, Morgan Mirocolo, Maurice Renoma, Michel Stefanini, Mitar Terzic, Rodia Bayginot & Philippe Ordioni — le représentent. Derrière le mythe éternel, un sujet fort qui résonne avec les questionnements et tumultes de notre société. Qui plus est dans cette ville arlésienne chargée d’histoire où des hommes, à défaut de labyrinthe, continuent de défier l’animal au cœur des arènes.

Aline Memmi

Rens. : openeyelemagazine.fr

     

Germaine Richier, la méditerranéenne

Où et quand ? Jusqu’au 29/09 à la Friche de l’Escalette (8e) Pourquoi on y va ? Pour la balade dans un ancien site industriel méconnu, route des Goudes, où on usinait du plomb, devenu « parc de sculpture et d’architecture ». L’urbex est gratuite et encadrée par des étudiant·es en architecture, pour concilier esprit rando sous le soleil (toujours de plomb, lui) et ambiance arty, avec toutes ces sculptures qui se fondent presque dans le paysage. Gageons que celles — aussi monumentales que saisissantes — de la grande et radicale Germaine Richier (1902-1959) sauront tout naturellement trouver leur place dans ce site grandiose.

CC

Rens. : friche-escalette.com

       

Les expositions estivales de Voyons Voir

Où et quand ? Pendant tout l’été à Miramas et Aix-en-Provence Pourquoi on y va ? Pour aller flâner au Parc de la Poudrerie qui donne sur l’Étang de Berre, où Sara Favriau a développé un projet de sculpture d’une pirogue à partir d’un geste ancestral, dont on peut voir une vidéo de la performance de l’artiste. Puis la curiosité nous pousse jusqu’au 3bisF à Aix, où Lina Jabbour questionne le point de vue, le visible et l’invisible à travers des œuvres dessinées à partir de lignes et de points. Toujours à Aix, mais à la rentrée, on découvrira la série d’œuvres graphiques et vidéo de Dominique Castell, qui a nagé dans le sillage d’Aphrodite, dessiné et documenté son voyage.

PM

Rens. : voyonsvoir.art

   

Le Musée subaquatique de Marseille

Où et quand ? Jusqu’à ce que l’eau soit trop froide pour la baignade, à cent mètres de la Plage des Catalans (7e) Pourquoi on y va ? Pour s’éloigner de la plage bondée (et de ce monde cruel), tester son apnée et voir de l’art ébahir aussi les poissons, qui pourraient bien habiter les dix sculptures des dix artistes posées à cinq mètres de profondeur. Pas de panique, le matériau est bien sûr écolo, c’est l’idée d’une asso attachée à la biodiversité bien décidée, avec cette expérience inédite, à « sensibiliser le grand public à la fragilité des mers et des océans. »

PM

Rens. : www.musee-subaquatique.com

     

Paréidolie, salon international du dessin contemporain

Où et quand ? Du 30/08 au 1/09 à la galerie du Château de Servières (Marseille, 4e) Pourquoi on y va ? Pour frimer en soirée car on connaît la définition de ce mot que nos logiciels persistent à souligner en rouge : la paréidolie est un phénomène cognitif qui nous fait percevoir une forme connue (un visage, par exemple) dans une forme pourtant neutre (un nuage). Et puis on y va surtout pour célébrer la rentrée de l’art contemporain à Marseille comme il se doit (avec, concomitamment, les salons Art-o-Rama à la Friche et Polyptyque au Centre Photo Marseille), en admirant notamment les dernières pépites du dessin contemporain dénichées par seize galeries internationales, qui se lâchent cette année avec une sélection parallèle de dessins érotiques.

CC

Rens. : www.pareidolie.net