En s’appuyant sur les principes de l’archéologie expérimentale*, Sara Favriau rejoue les gestes des cultures anciennes ou éloignées du monde occidental, pour mettre en application des connaissances artisanales et techniques ancestrales. Le projet Le brin d’une herbe jaillit à qui la vie déborde joue des deux aspects du travail de l’artiste, l’un purement technique et l’autre poétique. Dans la tradition des arts et métiers,* une première phase du travail est dédiée à l’anamnèse des principes ingénieuriaux mis au point par les hommes de la préhistoire (creuser un arbre à l’aide du feu pour en faire une pirogue) ou les habitants de d’Amazonie qui navigue en pirogue parfois à l’aide d’un arbrisseau… Une première étape engage l’artiste dans le travail de construction et de fabrication, qui, dans le cas de la résidence au Parc de la Poudrerie, s’appuie sur l’expertise des équipes du parc. C’est le principe de modelage du bois par combustion que l’artiste expérimente ici, avec l’idée de travailler une grume de pin d’Alep avec le feu. Les gestes de la sculpteure rejouent les gestes des ingénieurs de la préhistoire et ravivent des principes élémentaires : le feu creuse le bois et dessine la forme de l’embarcation tout en lui assurant une imperméabilité, une flottaison et un caractère imputrescible. La pirogue servira, dans un second temps, à traverser le port de Saint Chamas, grâce à l’emprunt d’un arbrisseau d’orme champêtre, déterré pour la traverser puis replanté au sein du parc et rendu à la nature après cette invitation au voyage… De ce projet résulte : une sculpture – embarcation, un film et l’expérience de la traversée partagée avec le public présent lors de la performance du dimanche 19 mai 2024 au Parc de la Poudrerie avec les performeuses Chloé Favriau, Muriel Bourdeau, Sara Favriau et son assistant Malo Legrand.
Aline Memmi
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