Camille Fallet - For Whom the Bell Tolls (Go)

Photos, diapositives et installation vidéo. Dans le cadre du festival Photo Marseille 2020

Camille Fallet, invité d’honneur du festival, présente un travail inédit sur Glasgow. Ce qui fut la seconde ville de l’empire britannique, splendide, riche et puissante n’est plus aujourd’hui qu’une ruine restaurée à la sauvette. Cette exposition s’attache à ce que chaque lieu et objet transcrit le soit comme l’indice le plus exemplaire et le plus éclatant de son esprit.

 

« Si vous regardez Glasgow en vue aérienne, elle vous semblera bombardée. Ce qui fut la seconde ville de l’empire britannique, son grand port du métal, de la construction navale et de l’ingénierie ferroviaire, n’est aujourd’hui qu’une ruine restaurée à la sauvette. Sa forme est, pour l’essentiel, la trace de la révolution industrielle et de l’âge d’or victorien. L’architecture de cette période recouvre à peu près la stylisation et l’appropriation de tous les courants architecturaux des grandes civilisations. Elle orne son commerce, son administration, ses cultes et son habitat. L’uniformité des grès rouges et ocres renforce son effet de décor. Glasgow fut splendide, riche et puissante. Mais depuis un siècle elle s’effondre. Perdant presque la moitié de son million d’habitants, elle est dorénavant célèbre pour les 54 ans d’espérance de vie dans les quartiers les plus pauvres de l’East End. Après une première tentative par le béton et l’automobile de redessiner sa géographie à la fin des années 70, la ville n’a survécu que par l’ablation de quartiers entiers. Les « merchant buildings », les « tenements », tout comme les grandes barres brutalistes ont disparu pour un monde du lotissement périphérique en crépi gris, créé grâce aux révoltes fiscales qui firent voler en éclat le grand Glasgow du Labour. Aujourd’hui la ville se porte un peu mieux. Elle reste une place financière importante et la promotion immobilière rafle les nombreuses friches pour trois fois rien. Les mêmes forces du capitalisme que l’on retrouve en action ailleurs dans les villes occidentales dessinent la Glasgow que nous pouvons voir. Mais plus qu’ailleurs Glasgow est la forme même du capitalisme, dans ce qu’il a de plus impersonnel et de plus violent. Si la période du milieu du XIXe au milieu du XXe siècle la voyait s’accompagner de la modernité en art et fut concomitante du développement de la photographie, j’ai bien peur qu’aujourd’hui son développement ne s’accompagne finalement que de sa muséification comme unique horizon. Je photographie Glasgow à la chambre photographique grand format en m’attachant à ce que chaque lieu, chaque objet que je transcris le soit comme l’indice le plus exemplaire et le plus éclatant de son esprit. J’ai choisi ici de montrer la ville sous l’apparence de tableaux en forme de raccourcis extrêmes de la ville. »

— Camille Fallet

Une exposition co-organisée par le festival Photo Marseille et le Centre Photographique Marseille, réalisée avec le concours de la Région SUD Provence Alpes Côte d’Azur et avec le soutien à la photographie documentaire du Centre national des arts plastiques.

Cette exposition fait partie de la programmation satellite des Rencontres d’Arles dans le cadre du Grand Arles Express


Centre Photographique Marseille
Jusqu'au 9/10 - Mer-sam 13h-17h
Entrée libre
www.laphotographie-marseille.com
74 rue de la Joliette
13002 Marseille
04 91 90 46 76

Article paru le jeudi 1 juillet 2021 dans Ventilo n° 449

Camille Fallet - For Whom The Bell Tolls (Go) au Centre Photographique Marseille

Jeu de piste

 

Initialement prévue pour être dévoilée en novembre 2020, portée par le festival Photo Marseille, l’exposition For Whom The Bell Tolls (Go) se penche sur la ville de Glasgow depuis le Centre Photographique Marseille. Elle sera visible tout l’été, englobée dans le Grand Arles Express des Rencontres d'Arles.

    Glasgow, capitale de l’Écosse à la scène musicale féconde, de Franz Ferdinand à Simple Minds en passant par Mogwai, était avant tout un port qui produisait et exportait des locomotives et du textile. Il s’enrichit avec la construction navale et le commerce du tabac durant la révolution industrielle. L’architecture de style victorien fait office de marqueur de prospérité pour ce qui est alors la deuxième ville de l’Empire britannique. Depuis, elle a subi à peut près le même déclassement que les autres ports britanniques. La chute de l’empire puis la grande récession auront raison de son statut. Désormais, elle s’est remodelée, a transformé ses friches, créé des évènements culturels (Capitale européenne de la Culture en 1990), mise sur le tourisme et le tertiaire. Camille Fallet piste les traces de cette période fastueuse, puis immortalise ces indices à l’aide d’une chambre photographique. Mis en exergue, ces vestiges — une barrière, une corniche — égarés dans notre monde contemporains entre déchéance et réappropriation, racontent l’histoire. Camille Fallet travaille à l’échelle micro pour traiter un sujet macro et, tel un archéologue, exhume ce passé pour mieux raconter le présent. Ce présent qui s’invite comme ces quelques âmes errantes parcourant les images de façons impromptues, perdues dans cette ville en mutation. Comment ne pas ressentir un parallèle avec Marseille, qui sous d’autres latitudes, a vécu le même déclassement et applique les mêmes remèdes ? Sauf que d’ère victorienne, il n’y a point eu.  

Damien Bœuf

   

Camille Fallet - For Whom The Bell Tolls (Go) : jusqu’au 25/09 au Centre Photographique Marseille (74 rue de la Joliette, 2e).

Rens. : https://www.centrephotomarseille.fr/

Retrouvez également Camille Fallet avec The Breaking Point jusqu’au 18/09 à la Galerie Zoème (8 Rue Vian, 6e).

Rens. : https://zoeme.net/

Pour en (sa)voir plus : http://www.camillefallet.com/