La Relève !
Explorations spatiales
Si on l’identifie plus volontiers au spectacle vivant, le Festival Parallèle se dédie également depuis sa création à l’accompagnement de plasticiens en phase de professionnalisation. Chaque année, un tout nouveau cru d’artistes contemporains locaux, nationaux, voire internationaux, est ainsi mis à l’honneur dans une exposition intitulée La Relève. Focus sur l’édition 2021, à voir « en présentiel » dans quatre lieux marseillais.
Pour cette troisième édition du festival et pour la première fois, l’exposition visible simultanément à la Galerie des Grands Bains Douches de la Plaine, Coco Velten, au Château de Servières et au Centre Photographique Marseille s’étendra sur plus d’un mois et demi. Sont réunis à cette occasion les vingt-cinq projets retenus autour de la thématique « Habiter ». Une notion forte qui indique un positionnement, une relation intime au monde. Et il doit bien exister autant de manières possibles d’habiter notre monde qu’il y a d’individualités. À travers cette vaste exposition, chacun.e des jeunes participant.e.s nous délivre une proposition plastique singulière, une manière personnelle d’investir l’espace.
Diplômé de la Villa Arson, Arnaud Arini réalise des installations dans des espaces déshumanisés qu’il anime par le truchement de la programmation et de la motorisation. Pour cet appel à projet, il a choisi de se diriger vers la culture teenage qu’il affectionne. Il s’empare de ses outils constitutifs, en l’occurrence la plateforme TikTok, pour y puiser son inspiration et créer de nouvelles fictions. L’installation finale décloisonne l’espace de la chambre — sanctuaire de l’intimité — pour y plonger le spectateur en lui proposant des tenues à essayer, fruits d’une collaboration avec la créatrice de la marque Undated Clothing, et en lui imposant des filtres Instagram lorsqu’il se regarde dans la coiffeuse.
Diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Arts de Paris-Cergy, Fabienne Guilbert Burgoa croise pour sa part les savoir-faire de l’artisanat avec l’art contemporain. Elle fabrique des pièces textile entremêlant fibres colorées et récits découlant de la tradition orale. C’est un lien à la fois matériel et éminemment sensible qui se tisse.
Nœuds sur fikir a été réalisé suite à deux mois de résidence passés à Addis Abeba en Ethiopie, où elle aura collaboré avec des artisanes directement sur place.
Lloverá mi voz fait écho aux différentes strates de couleurs qui façonnent les murs des habitations éthiopiennes.
Paul Chochois, diplômé de l’École supérieure d’Art d’Aix-en-Provence, utilise des pigments inédits dans la production de sérigraphies. Ainsi, il tire deux agrandissements de cartes postales représentant des hôtels américains des années 60 grâce à l’encre extraite de plusieurs billets de 1$ qu’il aura soumis au traitement impitoyable du décapant. Une tapisserie familiale est révélée grâce à l’eau ayant servi au nettoyage de son atelier. Un mélange bien dosé d’affectivité et de saleté avec lequel il retapissera un pan entier de l’une des salles de l’exposition.
Silina Syan, diplômée de la Villa Arson de Nice, questionne la notion d’hybridité culturelle à travers un travail mêlant photographie et vidéo. Dans une installation, tout en s’inspirant du comptoir d’une boutique à Nice, elle réhabilite les représentations de la communauté indienne qui subit comme nombres de minorités un effacement considérable de la sphère publique et médiatique. Elle présente également une vidéo haute en couleurs
, Zebu, dans laquelle elle partage avec le spectateur un moment manucuré, nous délivrant en voix off la réécriture d’une histoire familiale, se cristallisant en un discours tout personnel teinté de célébrations féministes et de réflexions sur l’identité.
Quelques manières d’habiter parmi une pluralité d’autres, à venir découvrir sur les différents sites de l’exposition
La Relève jusqu’au 27 mars…
Elena Salougamian
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Jusqu’au 6/03 à Coco Velten (16 rue Bernard du Bois, 1er), en partenariat avec La Compagnie - lieu de création.
Rens. : www.cocovelten.org
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Jusqu’au 27/03 à Art-Cade - Galerie des Grands Bains Douches de la Plaine (35 rue de la Bibliothèque, 1er).
Rens. : www.art-cade.net
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